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Société

Scandale pharmaceutique : les dessous du business de la Covid-19 à Maurice


Rédigé par E. Moris le Jeudi 4 Février 2021



Le 5 mai 2020, lors de la reprise parlementaire après six longues semaines de pause en raison des mesures sanitaires dans le pays, le Premier ministre, Pravind Jugnauth avait pris la parole avec une certaine fierté en déclarant que le "gouvernement a bien contenu la pandémie du Covid-19".

Une satisfaction que le Premier ministre n'hésite pas à ressasser dans toutes ces sorties auprès des associations socio-culturelles mais aussi dans les opérations "kou riban". Il avait été quelque peu malmené toutefois sur la BBC alors que la journaliste l'interrogeait sur les raisons de la catastrophe écologique à la suite du naufrage du Wakashio et qu'il a répondu sur la gestion exemplaire du coronavirus par son gouvernement. Un souvenir mémorable.

Piqué au vif par les critiques de ses détracteurs concernant la complaisance et la mauvaise gestion du gouvernement, Pravind Jugnauth s'est défendu par «d’excellents résultats», avec l'introduction du 'Covid-19 Bill', des 'Quarantine Act' et 'Public Health Act'. Mais c'est surtout l'attitude de Pravind Jugnauth qui interpelle.

Lors de l'hommage à l'hôpital de Flacq officiellement rebaptisé en mémoire du Dr Bruno Cheong, le chef du gouvernement ne s'est pas privé de distiller son venin et de régler ses comptes contre l'opposition qui avait critiqué sa gestion du Covid-19: "Nu les bann ingra dan zot ingratitid." 

A croire le leader du MSM, « A ce jour, toutes les décisions que nous avons prises ont porté leurs fruits. Pour avoir su faire face à une telle pandémie sans aucune expérience, il faut saluer le nouveau ministre de la Santé ».

Comment expliquer alors que ce sont surtout les proches du pouvoir qui ont bénéficié d’alléchants contrats pour la fourniture d’équipements de protection durant le confinement, tout cela, sur le chapitre de la procédure d’urgence ?

Selon les documents déposés par le ministre de la Santé, nous découvrons que Bo Digital Company Limited, par exemple, a pu décrocher cinq contrats au coût de Rs 308 585 400 pour fournir des caméras thermales, deux millions de masques, des combinaisons microporeuses, des lunettes de protections jetables et d’autres équipements de protection. Bo Digital Company Limited, dont les patrons sont l’ancien footballeur Deepak Bonomally et un certain Ashvind Kumar Poonyth, sont spécialisés dans la décoration des abribus. Officiellement, elle serait aussi une agence de pub et fait de l’import-export. 

Comment expliquer également qu’une quincaillerie (Kammal Trading Company Limited) de New Grove a pu fournir des hand sanitizers, des masques et des combinaisons au coût d’environ Rs 13 millions ?

Chitradev et Karuna Ramnauth, les patrons, gèrent la quincaillerie et sont spécialisés dans le packaging de produits chimiques. Soulignons que Red Jewels Ltd ne figure pas sur la liste officielle des fournisseurs agréés, qui a été déposée au Parlement par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutal.

Bissoon Mungroo s’est lui aussi frotté les mains. Il est béni des dieux… du jour.

Sa compagnie, Gitanjali Company Limited, a décroché deux contrats valant Rs 10 millions pour la fourniture de masques. Bissoon Mungroo opère des hôtels de charme et des restaurants. Il fait aussi dans le transport (un contrat de plus de Rs 6 millions par an pour le transport des employés d’Airports of Mauritius Limited (AML) et d’Airport Terminal Operations Ltd ATOL). C’est Mungroo & Sons qui a obtenu ce sésame d'une durée d'un an, mais renouvelable pour une période de deux ans. C’est le même Bissoon Mungroo, du moins sa société, qui avait décroché en juin 2018 le contrat pour le transport des employés de la compagnie d’aviation nationale. Rappelons qu’il y avait 4 soumissionnaires et Mungroo & Sons a obtenu presque la moitié du contrat. Il empochera donc Rs 504 000 par mois. Quant aux trois autres compagnies, elles se partageront Rs 659 000.

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Jeudi 4 Février 2021

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