Société

L'île Maurice, un pays où il ne fait pas bon vivre


Rédigé par E. Moris le Mardi 14 Juillet 2020

La volonté du gouvernement mauricien de recourir à l'arme de la loi pour restreindre la liberté des citoyens inquiètent les légistes, fait fuir les investisseurs et surtout éloigne définitivement le retour de la diaspora.



Depuis quelques mois, des événements très graves se passent à Maurice, des voix s'élèvent de plus en plus nombreuses pour dénoncer des atteintes intolérables à la démocratie.

Quatre mois après l'apparition de la pandémie sur l'île, c'est une économie à genoux. La répétition des scandales pour corruption qui plombent le gouvernement, rajoute la méfiance des investisseurs. Sans compter d'être inscrit sur la liste noire de l'Union européenne pour blanchiment d'argent et financement du terrorisme.

Rappelons que c'est sous fond d'élections "truquées", avec des pétitions électorales toujours en attente en cour, que Pravind Jugnauth s'est installé dans le fauteuil de son père, pour devenir le nouveau empereur de son royaume.

Le 9 novembre dernier, Pierrot Dupuy, directeur des publications de Zinfos974 et Zinfos Moris, publiait un article au titre volontairement provocateur : "L'île Maurice est-elle en train de devenir une dictature ?  ". Certains des lecteurs de Zinfos ont très certainement pensé en leur for intérieur : "Pierrot Dupuy va trop loin, l'île Maurice n'a rien d'une dictature..." 

Les faits sont malheureusement en train de lui donner raison. Il ne fait aucun doute que les méthodes pour museler la presse dite libre et indépendante prend une ampleur sans égale, tout comme la liberté des citoyens.

Les incidents et tentatives d'intimidation envers les membres de la presse mauricienne sous le mandat du clan Jugnauth, tout comme le pillage de la liberté d’expression, pilier de toute démocratie, ont amené des milliers de mauriciens à descendre dans la rue pour dénoncer l'oppression du régime au pouvoir.

L'île Maurice est-elle en train de connaître son "printemps arabe" ?

Ils sont de plus en plus nombreux à braver la loi Gobin/Jugnauth sur le net, qui a pour but de museler la liberté d'expression dans le pays. Les pages sur les réseaux sociaux se sont multipliées entre responsabilité et conviction citoyenne. D'où une prise de contrôle du gouvernement sur les voix dissidentes, quitte à remettre en cause le droit fondamentale des citoyens. 

L'île Maurice  glisse vers l'autoritarisme par temps de pandémie

Le journal The Independent, de Singapour, dans un article publié en ligne, intitulé “Mauritius: An assault against freedom reminiscent of Najib’s era!”, compare la République de Maurice avec le régime de Najib Razak, en Malaisie, qui aurait fait taire les critiques de manière virulente et a perdu les élections. Le journal souligne que Maurice assiste à une atteinte à sa liberté de parole et à sa liberté d’expression.

Pravind Jugnauth fait arrêter l'ancien ambassadeur Ravin Lochun pour la publication d'une photo

Le gouvernement a franchi un nouveau pas en approuvant l'introduction du projet de loi « Criminal Code (Amendment) Bill » à l'Assemblée nationale.

Le projet de loi a pour objectif de modifier le « Criminal Code » afin de considérer comme un délit criminel : la production ou la distribution d'un article, d'un objet ou d'un document qui transmet des fausses informations trompeuses sur la souveraineté de Maurice sur toute partie de son territoire.

La question se pose : L'État a-t-il vraiment son mot à dire sur la déontologie de l'information ?

La puissance publique peut-elle interférer sur les contenus publiés par des sites et sur des plateformes comme Facebook, sans porter atteinte à la liberté d'expression qui constitue l'un des piliers de notre démocratie ? 

Au Parlement ce mardi 14 juillet, le gouvernement décide que les services étrangers comme Netflix, Amazon, les services Cloud, les downloads musicaux, la télévision en streaming, la téléphonie ... seront tous soumis à la TVA de 15%.

 

Mardi 14 Juillet 2020