Société

L'île Maurice n'est plus un état de droit mais un état policier


Rédigé par E. Moris le Mardi 27 Aout 2019

Depuis quelques mois, des événements très graves se passent à Maurice, des voix s'élèvent de plus en plus nombreuses pour dénoncer des atteintes intolérables à la démocratie.



Le 9 novembre dernier, Pierrot Dupuy, directeur des publications de Zinfos974 et Zinfos Moris publiait un article au titre volontairement provocateur : "L'île Maurice est-elle en train de devenir une dictature ?  ". Certains des lecteurs de Zinfos ont très certainement pensé en leur for intérieur : "Pierrot Dupuy va trop loin, l'île Maurice n'a rien d'une dictature..." 

Les faits sont malheureusement en train de lui donner raison. Après l'affaire Shameem Korimbocus, un ressortissant mauricien qui vivait depuis 10 ans à Dubaï, arrêté le 29 juillet dernier  et jeté dans les geôles de cet état connu pour ses violations régulières des Droits de l'Homme et l'inhumanité de ses prisons. Plusieurs voix citoyennes s"inquiètent de la répression sur l'île par le gouvernement Lepep.

La politique du fils Jugnauth : "J'y suis, j'y reste".

Alors que Pravind Jugnauth installé au poste de Premier ministre par un formidable tour de passe-passe à l'africaine, brigue un mandat cette fois-ci par les urnes. Il ne fait aucun doute que les méthodes pour museler la presse dite libre et indépendante prend une ampleur sans égale.

Le fait est que la liberté d’expression et de la presse, pilier de toute démocratie, est plus que jamais menacée. 

Après la valse de la rédactrice en chef de Sunday Time s et de la journaliste Anju Ramgulam de l'express, convoquées pour les frais de bouches du ministre Sinatambou, c'était au tour des directeur des publications de la Sentinelle Nad Sivaramen et celui de Sunday Times Eshan Juman, d'être convoqués aux Casernes centrales. Ils ont refusé de prendre le thé dans les locaux du CCID au sujet des factures du ministre. Et avec raison !

Rappelons que le ministre de l’Environnement a porté plainte contre Sunday Times et l’express suite aux articles concernant ses frais de bouche. Il estime avoir été diffamé et réclame Rs 50 millions à La Sentinelle concernant trois articles. Étienne Sinatambou a fait servir une mise en demeure à La Sentinelle, Impress Print Ltd, Nad Sivaramen, Audrey Harelle, Anju Ramgulam et Axcel Chenney. 

Scandale des moto-écoles : Le Managing Director de Top Fm, Balkrishna Kaunhye, et le journaliste Murvind Beetun convoqués au Central CID ce mercredi 28 août.

Ils devraient être interrogés pour infraction alléguée aux dispositions de l’Information and Communication Technologies Act. Leur convocation fait suite à la plainte déposée par le ministre des Infrastructures publiques et du Transport, Nando Bodha, après la publication de plusieurs articles sur le site de Top FM après la diffusion du dossier sur le scandale des moto-écoles en février dernier.

A la suite d’un article datant du 23 avril dernier portant sur le manque d’équipements au ministère de la Santé, la journaliste  Hansini Bhoobdasur a été convoquée. La police l’a informée qu’elle sera interrogée sur ses sources d’information concernant cet article. Cependant, elle a refusé de s’y rendre.

On est en théorie libre de dire, d'écrire, de caricaturer et d'informer. La volonté du gouvernement de recourir à l'arme de la loi Gobin contre les internautes et de la police contre les médias, en dit long sur les méthodes répressives de la politique de ce gouvernement.

 

Mardi 27 Aout 2019