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Société

Voyage aux Chagos : La décision d'écarter la presse locale ne passe pas


Rédigé par E. Moris le Jeudi 10 Février 2022



@ Twitter. Andrew Harding, BBC News
@ Twitter. Andrew Harding, BBC News
Ils sont à bord d'un magnifique yacht de luxe en direction de Blenheim Reefs au Nord-est des Chagos, depuis hier, mercredi 9 février. Eux, ce sont 25 personnes, dont cinq Chagossiens, sélectionnés par le gouvernement mauricien, sous le prétexte fallacieux de récolter des données scientifiques pour aider à délimiter les frontières maritimes avec les Maldives.

Cette délégation qui a quitté le port d'Eden Island, près de Victoria, a pour toile de fond le litige territorial qui oppose Maurice aux Maldives devant le Tribunal international du droit de la mer. Le 14 avril, le pays doit soumettre ses propositions à la cour, pour l’aider à délimiter les frontières maritimes entre les deux parties. 

Qu'elles seront les méthodes "scientifiques" pour présenter ces données ? Mystère. Jagdish Koonjul, le représentant permanent de Maurice aux Nations unies, à New York, qui chapote cette délégation, n'en dira pas plus. Si ce n'est que les témoignages recueillis sur place seront précieux. Une mission qui n'a à ce jour aucun nom, si ce n'est être une "mission".

Pèlerinage sur les tombes des ancêtres, perspectives de s'y installer dans l'avenir...c'est dans un joyeux chaos, qu'Olivier Bancoult, fait part de ses intentions. A noter que des techniciens, des avocats, tel Philippe Sands, le principal avocat de Maurice sur le dossier Chagos, des journalistes de la BBC dont Andrew Harding , du Guardian, de The Atlantic et la MBC, la seule organe de presse locale font partie de la croisière à bord du yacht privé Bleu de Nîmes. 

Le yacht qui possède une salle de cinéma ultramoderne, un sauna, une salle de massage, une salle de sport dotée d’équipements modernes, un grand solarium comprenant deux jacuzzis... ne peut que plaire aux voyageurs. Par contre la location qui avoisine les Rs 21,6 millions (430 000 euros) par semaine, est difficile à digérer, sachant que le périple dure deux semaines.

Alors que la presse locale n'est pas invitée, faute de place, selon le Premier ministre, lors de sa conférence de presse, ses explications laissent pantois plus d'un. Entreprendre un voyage d'une telle ampleur, en l'annonçant à la veille du départ, c'est un véritable camouflet. Que des médias internationaux soient du voyage, pourquoi pas, mais qu’il n’y ait pas assez de place sur le bateau, pour la presse locale, sauf la boite de propagande locale, c'est poussée un peu loin le bouchon.

Interrogés sur ce voyage aux Chagos, par Radio One, pour Arvin Boolell et Anil Gayan, cette mission est une perte de temps et d'argent. Le député du Parti travailliste soutient qu’il y a d’autres moyens technologiques avec des résultats plus exacts pour ce genre d’opération. «Avec la technologie ; les satellites et les drones, ça aurait été plus facile de faire cette mission.»

La réaction d'Anil Gayan, ancien ministre des Affaires étrangères, et aussi avocat spécialisé en droit international, est plus sévère. Cette mission scientifique sur les Chagos, selon lui, n’a aucune valeur et est une perte d’argent et de temps.

« Je pense que le but derrière cette mission est, que le budget est pour bientôt  et ils avaient voté l’an dernier pour débourser Rs 50 millions pour les Chagos mais ils n’arrivent à rien faire. Et là, avec ce voyage, ils vont simplement dire qu’ils ont fait un geste pour cette île.»

 

Jeudi 10 Février 2022

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