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Société

[Vidéo] Lettre pastorale : « Ki ou pou fer pou nou pei ? »


Rédigé par E. Moris le Vendredi 4 Mars 2022



Lettre pastorale : le cardinal Piat invite à donner priorité à la réflexion sur des questions telles que la révision du découpage des circonscriptions, du système électoral et de l’obligation de décliner son appartenance ethnique

Comme toujours, la lettre pastorale du cardinal Piat est un grand moment de réflexion. Celle de 2022 a certes pris du retard. Mais l’attente valait le détour.

Ainsi, dans un chapitre du document, le chef de l’église catholique souligne que « le dialogue social est trop dominé aujourd’hui par des bipolarisations, par des guerres des chefs de clans qui se font face dans une forme de brutalité majorité/opposition, Etat/société civile, secteur privé/secteur public, média pro gouvernement/média anti gouvernement, etc ».

Selon lui, chacun veut marquer des points, cherche à se justifier, est prompt à s’offenser. Il ajoute que des « interventions de notre politique, de notre société civile, de nos médias ressemblent parfois à un long match assourdissant ». Une polarisation qui engendre une paralysie de la pensée et de l’action dans la vie publique. Le peuple, selon le cardinal Piat, est réduit à un rôle de spectateurs à qui on réserve un match ennuyeux. « Les débats d'idée sont surclassés par les querelles partisanes dans lesquelles l’émotion d’appartenance à une communauté ou à un parti prime sur des projets de société argumentés qui répondent aux défis de notre époque », ajoute-t-il. 

Et le cardinal Maurice Piat de préciser : « Il est temps de s’élever au-dessus de nos intérêts particuliers, politiques, économiques ou culturels, et donner la priorité au bien commun dans la réflexion sur des questions telles que la révision du découpage actuel des circonscription électorales, du système électoral actuel du « first post the post », de l’obligation faite aux candidats d’une élection de déclarer leur appartenance à une des 4 communautés, l’absence de régulation de financement des partis politiques ».

Il rappelle que « toutes ces questions sont restées sans réponses sous tous les gouvernements depuis l’indépendance et les attentes du peuple sont en souffrance depuis des années par manque de volonté politique »

Il ne ménage pas les électeurs qui, selon lui, ont aussi leur responsabilité dans ce dysfonctionnement de notre démocratie : Ils sont trop nombreux à chercher auprès des politiques des faveurs personnelles, des privilèges claniques au mépris du bien commun. Certains d’entre nous sont les premiers à inciter nos élus à satisfaire nos intérêts particuliers. Il est courant d’entendre un électeur demander à un candidat lors d’une élection : « Ki ou pou fer pou mwa ? » La vraie question pourtant est « Ki ou pou fer pou nou pei ? »

A force de demander des faveurs personnelles et de croire que notre avancement ne peut dépendre que d’un « backing », nous faisons de nos institutions publiques et privées un club de protégés, lesquels, quand ils sont en place, ne font que protéger leurs protecteurs. La boucle est bouclée.

Crédit vidéo : CAPAV - Les Médias


Vendredi 4 Mars 2022

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