Opinion

[Opinion] Violence conjugale : dérapage impardonnable de Me Rama Valayden


Rédigé par E. Moris le Jeudi 25 Février 2021



Cela n'a échappé à personne qu'un panel d'avocats autoproclamé "Avengers" fait la pluie et le beau temps sur le pays depuis quelques mois.

Quand ils ne sont pas en cour pour défendre "pro bono" la veuve et l'orphelin -ce qu'ils n'hésitent d'ailleurs pas à rappeler à tout-va au cas où la mémoire nous ferait défaut-, ce sont surtout leurs comportements et attitudes en dehors de la cour qui donnent l'impression d'être au théâtre. Chacun y va de sa personnalité en développant au fil du temps un narcissisme débordant avec des Facebook en direct pour donner leur opinion sur tout et souvent sur rien. Leurs réactions après les auditions en cour sur le dossier ayant trait à l'affaire Kistnen sont les plus suivies et commentées au cours de la journée. Il faut dire que les révélations sur ces nébuleuses mafieuses avec pour toile de fonds un crime sordide, maintiennent en haleine tout le pays, qui observe avec effroi que durant le confinement certains se sont remplis les poches alors que d'autres se serraient la ceinture. 

Rama Valayden, la nouvelle "star" des réseaux sociaux, ne fait pas exception. 

Son charisme et sa grandiloquence des mots ont conquis un peuple en souffrance voyant en lui un Messie. Les journalistes sont séduits. Il orchestre ses révélations y ajoutant la dose d'émotions qui font un carton d'audience. Il tape sur le pouvoir et un gouvernement répressif, menaçant d'envoyer le Premier ministre au cachot, devenant ainsi un héros de facto. Sauf que...L'homme multiplie les dérapages. 

Mera nam Rama

Rama Valayden emporté dans son envie de réformer un système, dont il a fait partie, en étant ministre sous le régime Ramgoolam, distribue les bons et mauvais points aux institutions et aux hommes politiques. Imposant ses opinions souvent contestées dans une période d'incertitudes où le pays manque de repères. Le Premier ministre ayant démissionné depuis le début de son mandat de son rôle de leadership, en laissant la porte ouverte aux affranchis.

Une enquête criminelle qui tourne au vaudeville

Comment en est-on arrivé à accepter qu'un homme de loi puissent autant déraper ? "Bobby synthé", "Bobby qui s'amuse à des actes sado masochistes lors de ses relations sexuelles", "Un ministre de la Santé qui est invité à se regarder dans le miroir avant de s'adresser à ses enfants et son épouse"...

Qu'il soit l'avocat des rebus de la société, "tapeur" ou "gros bras" à leurs heures perdues, ou dans des dossiers sensibles, c'est un choix de carrière. Qu'il devient l'avocat du Diable dans une récente affaire de violence conjugale qui a ému les Mauriciens, ça devient symptomatique de celui qui fait tout pour rester dans la lumière. 

En minimisant un acte de barbarie sans nom où une femme est passée à tabac sous les yeux de son enfant, le tout filmée, n'est pas anodin, mais caractéristique d'un homme en roue libre.

Toutes les violences sont interdites par la loi, qu'elles touchent un homme ou une femme, qu'elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles. Les violences commises au sein des couples mariés, pacsés ou en union libre ne peuvent être cautionnées ni minimisées. Face à la violence au sein d'un couple, chacun y réagit selon sa propre sensibilité, sa propre histoire ou ses propres références. Toutefois, elles ne doivent pas vous conduire à douter ou minimiser la situation. Chaque mot à son importance car les conséquences possibles pour la victime risque de l'exposer au danger et au traumatisme.

Me Rama Valayden, avocat de Dharam Beekhun recherché pour violence domestique après qu'une vidéo de lui agressant son épouse, a circulée sur Facebook, s'est fendu d'un "li bien malheureux, sombre et très chagrinant" parlant du dossier impliquant son client.

L'épouse, qui avait porté plainte contre son mari a enlevé la plainte et "pardonne". L'avocat parlant "d'incident", le couple ayant décidé de rester malgré les coups portés par un mari violent dans "l'intérêt de l'enfant". A faire frémir toutes les associations qui se battent pour protéger et garantir la sécurité et les droits des femmes. Alors que la parole des femmes est souvent ignorée lorsqu'elle porte plainte auprès de la police, que vont-elles devenir si un avocat de renom banalise un acte aussi condamnable en parlant "d'incident" ? C'est à désespérer ! Il serait temps que les magistrats ou juges à Maurice s'élèvent à leur tour pour faire entendre la voix des victimes, qui souvent ne sont plus là pour témoigner. Il serait temps que Rama Valayden mesure la portée de ses paroles et que son entourage lui donne quelques conseils dans ce sens, même si il pense pouvoir s'en dispenser.



 

Jeudi 25 Février 2021