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Opinion

[Opinion] Pourquoi le GM peut se permettre de passer Jangi à la trappe


Rédigé par E. Moris le Lundi 31 Octobre 2022



C’est la nouvelle de la semaine. Le DCP Heman Jangi n’est plus à la tête du Central CID. Bonne nouvelle diraient certains. D’autres sautent au rideau. Oui, c’est bien. Certains se demandent même ce qu’il va bien pouvoir enseigner aux recrues si ce n’est comment tout mettre en œuvre pour qu’une enquête n’aboutisse pas ! 

Mais ce n’est pas la question qu’on devrait se poser. Le plus important, c’est pourquoi le gouvernement peut-il se payer le luxe de se débarrasser du DCP Jangi ? Plusieurs hypothèses peuvent être avancées. Mais la plus improbable est celle qui est avancée par les médias. Soit le fait que l’enquête sur l’affaire Constituency Clerk a pris du retard. Le MSM a voulu ce retard. Il l’a eu. On peut aussi écarter le fait que le gouvernement veut réellement trouver les assassins de Soopramanien Kistnen ou qu’il veut faire la lumière sur les pratiques mafieuses de Yogida Sawmynaden et ses copains. 

Voyons quelques hypothèses beaucoup plus probables que celles-là. L’une est que le gouvernement tente d’initier une campagne visant à limiter les dégâts sur l’affaire Kistnen. Cela, après la publication du rapport de l’enquête judiciaire. Tant que le document restait dans un tiroir, même si c’était celui du DPP, le gouvernement pouvait dormir sur ses deux oreilles. Dans ce contexte, pour le DPP, la publication du rapport – évidemment sans son aval et sans qu’il ne sache comment cela a été possible – est une manne tombée du ciel. C’était la meilleure façon de faire bouger les choses. Car c’est désormais le désir du gouvernement qui veut limiter la casse. 

Pourquoi ? On peut parier notre chemise que Pravind Jugnauth et son think-thank ont compris que l’affaire ne va pas s’estomper de sitôt. Bien au contraire ! Cela a rassemblé l’opposition parlementaire. Cela a été synonyme de carburant pour les Avengers et Bruneau Laurette. Les manifestations vont se multiplier. Le gouvernement ne peut se permettre une fin de mandat sous tension. Surtout de ce type là ! Il va falloir jeter du leste. Il faut apaiser la colère populaire et surtout empêcher que sur les cendres de Kistnen, toute l’opposition arrive à s’unir. Et qui plus est, une grande coalition entre opposants au Parlement et opposants du Karo Kann est toujours possible. On voit déjà les prémisses. 

Dans un tel contexte, sacrifier Yogida Sawmynaden, comme à l’époque les Amérindiens sacrifiaient un/une jeune vierge pour que la saison des pluies arrive enfin, c’est un tout petit déchirement. Surtout si cela peut aider Pravind Jugnauth à obtenir un nouveau mandat. Une autre hypothèse est que Pravind Jugnauth et son équipe sont arrivées à la conclusion que les explications de Maneesh Gobin, Joe Lesjongard et Bobby Hurreeram n’ont en rien convaincu la population. Mais pire, toute cette campagne, qui avait déjà du mal à convaincre, s’est brisée sur le watermark d’Ivan Collendavelloo. Pas qu’il n’a pas été bon, le petit caporal Ivan. Non, il a été bon pour défendre l’indéfendable... jusqu’au filigrane. Là, le peu de crédibilité qui lui restait a fondue comme neige au soleil.

Mais l’hypothèse que nous, à Zinfos Moris privilégions, c’est que le gouvernement n’a plus besoin de Heman Jangi. Ce dernier a fait son temps. Entretemps, Anil Kumar Dip est devenu le véritable patron de police. Du moins, il a donné tous les gages voulus que le gouvernement peut lui faire confiance… non seulement en raison de ses parties de ‘lev koud’ avec un ministre précis. Dip est quelqu’un sur qui Pravind Jugnauth peut compter. Tout cela explique que le clan Jugnauth peut passer Jangi à la trappe. Certes, ce n’est pas aussi brutal et sauvage que l’aurait fait un Staline par exemple. Deux balles dans la tête, ça a le mérite d’être efficace. Mais chez nous, gens civilisés, on envoie le type à la Police Training School pour qu’il se tape un salaire pour quelque temps encore aux frais des contribuables, en plus de sa retraite. Ainsi, il ne va pas faire du bruit. 

Mais il y a une autre hypothèse. Mais c’est difficile de la juger actuellement. Est-ce que tout cela aurait un rapport avec la mise à la retraite forcée de l’ASP Roshan Kokil. Il est certain que ce dernier n’a pas digéré la décision de la direction des Casernes centrales. Il a déjà menacé de faire le grand déballage. Ce qu’il va ou pourrait révéler risque-t-il de mettre le gouvernement dans l’embarras, à travers sa hiérarchie. D’où le fait que le gouvernement prenne déjà les devants pour se débarrasser d’un homme désormais devenu gênant. Cela vous semble incroyable ? Bienvenue dans un monde où la véritable dépasse de loin la fiction.

Lundi 31 Octobre 2022


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