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Opinion

[Opinion] Le nouveau règlement de l'IBA vous étonne-t-il ?


Rédigé par E. Moris le Lundi 12 Décembre 2022



La surprise, dans l'histoire, est que certains Mauriciens sont encore surpris. L’Independent Broadcasting Authority a émis une nouvelle directive, fin novembre, sur l'impartialité des journalistes et présentateurs des émissions radio. Vous êtes étonnés ? Nous non ! Quel crétin aurait pu penser que le gouvernement allait laisser les radios privées miner le peu de popularité qu'il lui reste surtout à l'approche des prochaines élections ? 
 
Rappelons que le gouvernement Jugnauth a réussi l'exploit de se mettre à dos toutes ou la plupart des radios privées qui, entre elles, étaient à couteaux tirés depuis des années. Le régime Jugnauth a réussi le tour de force de les persuader qu'elles sont, en fait, des alliés objectifs. Tout cela fait que les représentants de l'exécutif ne participent plus aux émissions radio... même sur Radio Plus. Pourtant, à une époque, les secrétaires permanents et autres cadres de la fonction publique se bousculaient au portillon de la station de la Rue Labourdonnais. C'était l'époque où la radio et le Bâtiment du Trésor étaient Bhai Bhai. Sauf que depuis, Radio Plus est devenue la radio des Saheb. Du coup, sans surprise, elle a été désertée par les pontes du secteur public. 
 
Bon, avoir la plupart ou toutes les radios privées contre elle n'inaugure rien de bon pour la prochaine campagne électorale. Et le MSM, au lieu d'agir sur ses faiblesses, a fait ce qu'elle sait faire le mieux. C'est aussi ce qu'il a fait le plus souvent depuis que Pravind Jugnauth est installé au pouvoir. Il utilise la loi. Dans ce cas, c'est simple ! On met l'obligation sur le présentateur ou le journaliste de faire la part des choses... même si la personne invitée, elle, choisit de ne pas se défendre ou d'être représentée dans une émission. 
 
Pour faire simple, mettons que l'institution X subit des attaques. Vous invitez son critique et vous l'invitez à venir se défendre. L'institution X choisit de ne pas être représentée. Selon l'IBA, c'est au présentateur/journaliste dans cette situation de défendre l'institution X le mieux possible. On simplifie certes ! Mais dans l'idée, c'est ce que réclame l'IBA. 
 
Il est indiqué que le présentateur/journaliste doit indiquer que l'invitation a été faite à X et que l'institution a choisi de ne pas être représentée. Mais, et c'est dans les détails, la radio doit veiller à ce que les opinions exprimées dans un programme soient remises en question de manière critique par les présentateurs et les reporters. 
 
Mais il y a pire... Voilà quelques-unes des exigences de l'IBA :
Aucun présentateur ne doit utiliser l'avantage de d'apparitions régulières pour promouvoir ses opinions d'une manière qui compromet l'exigence d'impartialité.
Il n'est pas possible de maintenir l'impartialité requise simplement en proposant des personnes ou des institutions susceptibles de représenter des points de vue alternatifs (par exemple, des représentants du gouvernement) la possibilité de participer aux programmes
Lorsqu'un titulaire de licence de radiodiffusion ne peut obtenir, par exemple, une interview ou une déclaration exposant un point de vue particulier sur une question, il doit trouver d'autres méthodes appropriées afin d'assurer le maintien de l'impartialité.
 
L'IBA réussit le tour de force d'imposer que, pour garantir l'impartialité lorsque des points de vue alternatifs ne sont pas facilement disponibles, les intervieweurs doivent remettre en question de manière plus critique les points de vue exprimés. 
 
Bref, beaucoup d'inepties dans cette directive qui n'a qu'un seul objectif : dissuader les radios d'aller trop souvent sur les controverses. En fait, l'IBA ne vous interdit rien. Elle impose toutefois des conditions tellement strictes et contraignantes  qu'en fin de compte, vous renonciez à aller sur des terrains minés. 

Là, non seulement le gouvernement n'a pas à venir se défendre sur une radio. En plus, le présentateur va s'en charger pour lui ! 
 
C'est ainsi que fonctionne le MSM. Il accepte de prendre le départ à une course de chevaux mais s'arrange, une semaine plus tôt, pour fracasser une patte du cheval de chacun de ses concurrents. Puis, la veille, par mesure de sécurité, elle envoie ses tapeurs briser une deuxième patte. Mais trois assurances valant mieux qu'une, juste avant le départ, elle scie une troisième patte des chevaux adverses. Et là, Pravind Jugnauth va se targuer que, grâce à lui, tous les concurrents sont logés à la même enseigne, soit sur la même ligne de départ. 
 
Ce gouvernement a été le seul à avoir abusé des lois pour rendre légal ce qui ne l'était pas lorsque la décision a été prise. Vous êtes surpris de la décision de l'IBA? Nous ne le sommes pas le moins du monde !

Lundi 12 Décembre 2022


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