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Opinion

[Opinion] L'information, entre démentis, rumeurs et intox


Rédigé par E. Moris le Mardi 10 Janvier 2023



Une affaire dans l'affaire. La Rédaction de Zinfos Moris se retrouve dans l'actualité pour de mauvaises raisons. Bien que le ministre Sudheer Maudhoo a eu raison de jouer la carte de la transparence en signifiant : « Je n'ai jamais été condamné. », il n'en reste pas moins, de l'avis de tous, si la liste avait été publiée cela aurait eu le mérite d'éviter de faire la chasse aux sorcières. En restant dans cette politique de l'opacité, la commission ne fait qu'ajouter une liste de suspects. Et nous le reconnaissons, le travail journalistique devient encore plus compliqué. Quand aux allégations de "lâches" concernant la protection et l'anonymat de nos journalistes, nous laissons le ministre face à ses responsabilités. Mais nous y reviendrons prochainement. 

Ce mardi 10 janvier, le ministre de la Pêche s'est rendu au Central CID pour porter plainte contre une publication de Zinfos Moris qui indiquait qu'il était le ministre, évoqué par Linion Pep Morisien vendredi, qui avait obtenu la grâce présidentielle. Sudheer Maudhoo dément catégoriquement cette information. Il insiste qu'il n'a jamais été condamné et, de ce fait, n'a jamais eu besoin d'obtenir une quelconque grâce. Il a ainsi demandé au Central CID d’initier une enquête sur cette affaire. Notons qu'il n'y a qu'à l'île Maurice, où un ministre qui se rend aux casernes pour porter plainte contre un journal en ligne, domine l'actualité...et fait notable, rameute toute la presse pour couvrir cet "évènement" !

Rappelons que c'est l'avocat Rama Valayden, sans citer de nom, qui est à la base de cette affaire. Lors de la conférence de presse de Linion Pep Morisien, axée principalement sur la grâce présidentielle accordée au fils du commissaire de police Dip, Chandra Prakash, Rama Valayden a déclaré à la presse, qu'un ministre de "l'Est" est également parmi la liste des personnes graciées par le président. Selon Valayden, sur la liste des personnes graciées, 24 ont été graciées, sur 30. Malheureusement en ne rendant pas la liste publique après le scandale de la grâce présidentielle obtenue pour le fils d'Anil Kumar Dip, condamné à 12 mois de prison, et qui a vu sa peine commuée en une amende de Rs 100 000, alors qu'il contestait toujours sa condamnation devant la justice, cela n'a fait qu'attiser la méfiance envers cette institution. Dans le cas de Chandra Prakash Dip, ce n'est pas tant l'octroi de la grâce présidentielle obtenue le 20 décembre dernier qui pose problème , mais la rapidité avec laquelle elle a été obtenue et la rapidité avec laquelle le cas a été traité. On a presque l'impression que tout a été fait pour éviter la prison au rejeton d'Anil Kumar Dip.

Le fils Dip, donc, avait été condamné à 12 mois de prison par la cour intermédiaire après avoir été coupable de complot dans le cas d'un détournement de plusieurs millions de roupies au détriment de la Barclays Bank. Il n'a jamais pu faire casser ce jugement. Suite à la décision de la cour suprême, Chandra Prakash Dip a informé la cheffe juge qu'il allait saisir directement le Privy Council. Il a ainsi fait une demande pour le gel de sa condamnation. Demande agréée. Mais entretemps, Chandra Prakash Dip, le récidiviste, a fait déposer un dossier pour obtenir la grâce présidentielle. 

Avec cette décision, est-que Keshoe Parsad Matadeen, le président de la Commission de pourvoir en grâce, n'a-t-il pas réalisé que c'est, d'une certaine façon, bafouer la justice que d'empêcher Chandra Kumar Dip ne serait-ce qu'une nuit en prison ? Si Dip a sauvé son fils, le mystère reste entier sur la liste des 24 personnes graciées. Linion Pep Morisien a évoqué la possibilité qu'un ministre ferait partie de cette liste. Zinfos Moris a relayé cette information. Depuis dans les médias, c'est au compte goutte qu'on apprend que Rafiq Peermamode a aussi obtient une faveur de la Commission de pourvoi en grâce. Mieux ! Une douceur que le sieur Peermamode saura apprécier à sa juste valeur. L'homme d'affaires a été condamné à 18 mois de prison pour corruption. Il a réclamé un pot-de-vin de Rs 50 millions en 2016. Il a tout tenté pour faire casser sa condamnation. En vain ! Mais la chance a porté auprès de la commission de pourvoir en grâce. Il a obtenu un répit de l’exécution de la sentence par la Commission de pourvoi en grâce. C'est le 14 décembre 2022 que la State House a informé Rafiq Peermamode qu'il avait obtenu cette faveur. 

L'octroi de la grâce présidentielle à Chandra Prakash Dip fait polémique. Voilà qu'un autre député se retrouve pris dans une tourmente similaire ! Eshan Juman aurait, lui aussi, bénéficié d'une faveur de la Commission de pourvoi en grâce. Il jure qu'elle n'est pas comparable avec ce que le fils du commissaire Dip a obtenu. Il soutient qu'il a demandé à ce que le délit, pour lequel il a été condamné, ne figure pas sur son certificat de moralité. Rappelons que le député Ehsan Juman avait été reconnu coupable de corruption. Il aurait remis un pot de vin à un policier. La sentence était d'un mois de prison. Mais elle avait été commuée en travaux communautaires.

L'ex député du PMSD, Thierry Henry a du lui aussi s'expliquer dans les médias concernant sa requête pour que ne soit pas inscrit dans son certificat de moralité, un accident qui s'est déroulé le 3 avril 2016. A ce jour, d'autres noms circulent entre rumeurs et intox. Cacophonie, c'est ainsi que pourrait se résumer l'implication de la grâce présidentielle accordée à Dip junior. 

Mardi 10 Janvier 2023


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