Menu

Opinion

[Opinion] Fête de la Musique à l'île Maurice : Comme un coup de poignard dans le dos des artistes


Rédigé par E. Moris le Mardi 21 Juin 2022



Le 21 juin, la fête de la musique est universellement célébrée dans une centaine de pays. Cette fête initialement créée par l'ancien ministre français de la Culture, Jack Lang, offre un rendez-vous dans l'année pour permettre aux artistes d'échanger et partager avec leur public un moment unique. A l'île de La Réunion, des milliers de personnes sont dans les rues pour célébrer la musique. Ce soir, le front de mer du Barachois à Saint-Denis vibre aux sons de la musique, où les artistes sont rois.

A Maurice, le secteur de la Culture fait partie des ministères ayant le plus faible budget. Il est aussi vrai que lorsque les ministres confondent culture et religion, théâtre et temple, il ne faut pas s'attendre à des miracles. En l’absence de fibre culturelle de certains dirigeants propulsés dans ce secteur, les novices en la matière n’ont jamais eu à se frotter avec la culture, sauf pour flatter un électorat. Qui plus est, quand on ne maitrise pas les rouages d’un secteur, les tenants et aboutissants, et qu’on ignore les problèmes du secteur, c’est difficile d’être un bon avocat pour défendre ledit secteur.  

Le ministre des Finances avait présenté, lors de la pandémie, une présentation de son premier Budget, où il avait annoncé plusieurs projets, notamment un festival des Arts prévu au mois de juin, mais en un an, une bonne partie ont fait plouf. De la poudre de perlimpinpin avec moults promesses et effets d'annonce.

Les conséquences sont pourtant dramatiques d'année en année. Le pays ne connait aucun théâtre digne de ce nom, les différents sites sont en rénovation depuis des années, remplissant les poches des petits copains par millions. Les centres de spectacles sont, eux, en berne depuis le premier confinement de mars 2020. Les évènements d'envergure internationales comme le Plwi by Night sont rangés dans les tiroirs. Les artistes-musiciens et promoteurs culturels, sont également des laissés pour compte, ne devenant clairement pas une priorité pour les gouvernants. Pour s’en convaincre, le constat est sans appel, l'Etat a échoué de sauvegarder l’industrie et l'identité culturelle, alors que la culture est l’essence et le sens même de notre vie.

Pour rappel, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a annoncé dans la lecture du budget 2020-2021, Rs 19 millions alloués pour soutenir la production de concerts virtuels et Rs 15 millions pour financer des événements dans le cadre d'un "Calendrier culturel". Rs 35 millions pour la préservation et la réhabilitation de sites historiques et culturels et la création d'une galerie d'art en ligne pour accueillir des expositions d'art et faciliter les ventes au public (sera crée par L'EDB et la National Art Gallery). Au Complexe Multisports de Côte d’Or - des espaces dédiées pour des expositions et des performances artistiques et cerise sur le gâteau, l'organisation d'un festival d’art en Juin 2021...

Un an plus tard, rien. Le ministre des Cultes et non de la Culture, le très insignifiant Avinash Teeluck, a concentré toute son énergie pour la construction d'un imposant Samadhi qui trône au Jardin des Pamplemousses, en hommage à Saj. Et le ministre des Finances a, pour sa part, rajouté une dose d'insultes dans son Budget 2022-2023, en décidant de créer un studio d'enregistrement, alors que les artistes ont déjà pour la plupart leur propre studio ! Ce qu'il demande c'est de retrouver leur public.

Mardi 21 Juin 2022


LES PLUS LUS EN 24H