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Société

Les réseaux sociaux sont devenus l'opium du peuple


Rédigé par E. Moris le Jeudi 31 Janvier 2019

Les réseaux sociaux sont devenus l'opium du peuple avec une presse en ligne triomphante qui publie, diffuse sans filtre la mort d'un homme en direct.



Les réseaux sociaux sont devenus l'opium du peuple
La scène s'est déroulée hier, mercredi 30 janvier. La Rédaction apprend qu'une voiture est aux prises des flammes en direction de l'aéroport. Le temps de vérifier la fiabilité de l'information, on est déjà à la recherche d'une photo ou d'une vidéo. Soyons francs, nous savons que nous trouverons sur les réseaux sociaux une vidéo.

Le temps de mettre la vidéo en ligne, la question se pose : "y a-t-il quelqu'un à l'intérieur?". L'impensable nous traverse l'esprit mais nous ne réalisons toujours pas les conséquences. 

L'article est par la suite publié avec un titre choc, violent et glaçant. "Nouvelle France : Une voiture a pris feu, le conducteur a été carbonisé".

Entre temps, la Rédaction continue de couvrir les intempéries régions par régions et le temps passe. La victime est identifiée. D'autres vidéos nous font comprendre l'horreur de la situation. Les rares personnes qui ont tenté de sauver une vie, n'ont rien pu faire car les autres avaient d'autres priorités, celles de filmer la scène et de publier par la suite sur leur compte Facebook. 

Dans le feu de l'impudeur moderne consistant à dévoiler la mort de quelqu'un dans une situation dramatique, transformant l'individu en spectacle, c'est l'escalade du "toujours plus", toujours plus d'images.

Plus aucune retenue n'est observée. Sur fond de concurrence, c'est à qui ira le plus loin, à qui sera le premier. Les médias se donnent comme alibi que les spectateurs ont un petit penchant pour le voyeurisme et en demandent toujours plus. 

Un public voyeur et exhibitionniste existe, tout comme le droit à l'information et le devoir d'informer

C'est la réalité du monde, on ne peut ni ne doit la cacher. Le droit à l'information est inaliénable, mais faut-il pour autant tout dire, tout montrer, à n'importe quelle heure et à n'importe quel public. Le débat sur les limites au devoir d'informer est difficile : qui va les fixer et comment ? Le droit à l'information, il ne faut pas y toucher, mais nous devons nous interroger sur la responsabilité d'informer. Il n'y a pas que le scoop comme référence.

Alors quelle alternative ? Soit on fait appel à la conscience personnelle, en pensant que chacun est en mesure de voir jusqu'où on peut aller. Soit on se retourne vers le législateur, mais on entendra déjà les protestations, justifiés d'ailleurs : atteinte à la liberté d'expression, censure...

Force est de constater que l'information ressemble de plus en plus à celle des États-Unis où la mise en scène spectaculaire des images violentes relèvent souvent du voyeurisme numérique.

Soyons honnêtes, les grands médias ne sont pas les seuls responsables de ce voyeurisme-là, à l’heure où chaque individu devient potentiellement producteur d’information, les médias sont concurrencés par les réseaux sociaux sur lesquels les événements circulent en temps réel.

Ce voyeurisme médiatique ne serait pas possible sans l’exhibition numérique. La course à l’audimat n’explique pas tout, mais elle contribue à générer ce type de pratiques journalistiques, qui transforment un événement en un spectacle à la fois accablant et hypnotisant.

La Rédaction.

 

Jeudi 31 Janvier 2019

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