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Société

La chronique d'Henri Dumont : Une austérité sanitaire qui confine à la paranoïa


Rédigé par Henri Dumont le Mardi 1 Septembre 2020

Zinfos Moris vous offre une nouvelle chronique. Henri Dumont (il s'agit d'un pseudonyme car il souhaite garder l'anonymat pour des raisons évidentes) est un acteur particulièrement bien placé dans la société mauricienne et il fera partager régulièrement son opinion sur l'actualité de notre île. La rédaction de Zinfos Moris



On peut comprendre, même si on ne partage pas son avis, que le Premier Ministre Pravind Jugnauth, pour sauvegarder notre santé, souhaite rouvrir par phase les frontières.

L’intention est louable. Il a donc été décidé que la santé devait prévaloir sur l’économie de la Nation, et ce "à tout prix". On dresse des murs, on ferme tout à double tour, et on attend.

A partir du 1er octobre, on va légèrement entrouvrir mais les conditions seront telles qu’on sait très bien que ne se bousculeront pas les touristes étrangers, les investisseurs ou même les résidents qui n’auront pas envie, qui bouclés dans leurs hôtels, qui en quatorzaine à leur arrivée (enfin… sauf les VIP qui auront la chance d’être confinés à leur domicile). Et au premier cas, on referme !

Il est clair que dans cette stratégie de la peur, il y a des chances que nous soyons partis pour avoir une économie totalement ou partiellement fermée au moins jusqu’à la fin de l’année et encore, si tout va bien compte tenu de la recrudescence de l’épidémie dans la région et en Europe.

Voire un nouveau lockdown qui nous "mettrait à genou" si par malheur une personne s’échappait d’un Covid center et vienne et créer des clusters… ou pire un touriste !

Au final, seul le temps permettra de savoir si cette austérité sanitaire qui confine à la paranoïa aura été la bonne solution, avec une économie mauricienne (et notamment ses secteurs touristiques et financiers) qui aura su résister pour pouvoir redémarrer dans de bonnes conditions.

On peut en douter… et nous serons en tout état de cause bien loin du second miracle économique qui nous avait été promis, crise sanitaire ou pas.

Mais allons, soyons cléments… attendons de voir si la peur évite le danger et si par miracle Maurice est le premier pays au monde à avoir créé un mur qui tienne contre le virus. A défaut, on pourra toujours s’interroger sur l’évolution de la capacité des lits en hospitalisation et en réanimation dans nos hôpitaux depuis le mois de mars…..

Si avoir peur d’un virus peut se comprendre, ce qui l’est beaucoup moins, c’est ce déni absolu sur ce qu’il faut bien appeler une marée humaine qui a déferlé dans Port Louis samedi dernier. Du jamais vu depuis presque 40 ans. Même si pour certains, il ne faut pas accorder d’importance à des choses a priori "insignifiantes", ou considérer qu’à peine 10 % du peuple mauricien a défilé, il y a là une erreur politique absolument impardonnable.

Il n’était pourtant pas bien compliqué, sans même aller jusqu’à s’excuser, de reconnaître la colère qui monte aujourd’hui dans notre pays, la comprendre, et promettre de faire tout son possible pour y apporter des réponses. C’eût été là une réponse pragmatique d’un homme politique pragmatique.

Cette colère elle est bien là car il faut le dire, tant que nous avions la prospérité économique, le reste pouvait passer, mais maintenant que la crise est là, l’incompétence, la corruption, les nominés politiques, et le je-m’en-foutisme environnemental ne sont tout simplement plus supportables !

Et la réponse à cette colère ? Un discours empli d’autosatisfaction sur la politique gouvernementale, un paternalisme façon service minimum pour saluer en une phrase la jeunesse qui défend l’environnement – comme si on avait assisté à une marche organisée par Greta Thunberg - et pour finir, comble du comble, un appel à ne pas céder à la division, comme si c’était les manifestants de samedi qui en étaient la cause !

Quant à la défense de l’environnement devenue "priorité" du gouvernement mauricien, on y croit très fort avec le petroleum hub à Albion dont la moindre des choses aurait été d’annoncer un moratoire pour nous donner un minimum de gages concrets.

Difficile de faire pire pour ne pas continuer à attiser la colère du peuple mauricien. Difficile dans ces conditions de ne pas vouloir continuer à manifester jusqu’enfin être entendu, dans toutes ses composantes, dans toutes ses confessions, loin de ce communalisme dans lequel ce gouvernement veut nous piéger encore. D’ici à ce que bientôt on vienne nous expliquer que tout a été organisé par des puissances étrangères, on n’en serait même plus étonnés….

Toutes proportions gardées, il en est des exemples de par le monde, y compris dans des pays démocratiques, où le pouvoir en place n’a pas voulu écouter son peuple. Et dans l’immense majorité des cas on sait très bien comment cela a fini. Et ce ne sont pas quelques embastillements de Facebookers aux Casernes Centrales pour donner l’exemple et faire peur qui pourra l’empêcher

Il serait donc temps que ce gouvernement et son Premier Ministre puissent se ressaisir et être à l’écoute avant que tout ceci ne finisse vraiment mal. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

En attendant, il est urgent de se retrouver encore plus nombreux le 12 !


Mardi 1 Septembre 2020

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