Société

[Dossier] La "Success story d’une famille française expatriée à l’île Maurice"


Rédigé par E. Moris le Dimanche 10 Février 2019

La bande annonce fait rêver, ce dimanche soir l'émission Zone interdite sur M6, aura pour thème la "Success story d’une famille française expatriée à l’île Maurice".
Le reportage, explique Jean-Michel Vennemani, réalisateur à M6, sera d’une durée de 90 minutes et consacré à quatre familles d'expatriés d'origine française installées à Maurice ou encore en Thaïlande.



25 minutes seront consacrées à Maurice. On y apprend également que les membres de la famille Mistrin ont été les premiers à répondre à cet appel lancé sur la toile pour ce casting exceptionnel.

La famille Mistrin est installée à Maurice depuis trois ans. Judikael Mistrin, le père de famille, un professionnel dans le monde du showbiz, se présente comme un "dénicheur de talents". Il est également le propriétaire du salon de coiffure Ciseaux 3 D, à Grand-Baie avec son épouse Aurélie.

Dans la presse locale et invité sur les plateaux radio, le couple n'hésite pas à se réjouir d'avoir été choisi pour participer à l'émission. Judikael Mistrin affirme qu’il "éprouve un contentement extraordinaire", non seulement parce que sa famille a été choisie, mais aussi du fait que son pays d’adoption sera une fois de plus évoqué dans un reportage visionné par des millions de téléspectateurs à travers le monde.

Aurélie parle elle d'un "coup de foudre" pour notre île. Ils se sont installés dans le Nord, à Balaclava, avec leurs trois enfants.

Le couple, qui a quitté son "ancienne vie pour un nouveau départ", récolte aujourd’hui le fruit de son "labeur", entre virées en catamaran et autres escapades au Bubble Lodge ou à l’île des Deux Cocos...

Si Judikaël se présente comme l’ancien directeur de la radio Exo Fm à La Réunion ou encore comme directeur d’organisation de spectacles sous le label All Access Event Mauritius et récemment comme un des promoteurs locaux des spectacles de Mickaël Pouvin, artiste réunionnais interprète de la chanson Éternel.

Par contre, Judikaël Mistrin oublie "volontairement" d'évoquer qu'il était le patron de Bô Institut à La Réunion.

Judickaël Mistrin et son épouse Aurélie, avaient le vent en poupe de 2011 à 2014. Ils faisaient partie de la jet-set réunionnaise et jouissaient d'une réputation de bons professionnels dans leurs domaines respectifs. Les choses auraient semble-t-il changé depuis.

"Sur la vingtaine d'employées que comptaient les trois instituts et l'école de coiffure dirigés par Judickaël Mistrin depuis 2011 à La Réunion, les salariés se sont arrachés les cheveux. Elles recherchent désespérément leur patron… parti s'installer à Maurice."
 
Le salon de coiffure de Saint-Gilles et celui de Saint-Pierre vendus. Idem pour les deux autres salons de Saint-Pierre et l'école de coiffure "Vintage Academy" créée par le patron de Bô Institut. 

L'ardoise laissée par leur ex-patron s'élèverait à près de 300.000 euros, soit près de Rs 12 millions.

Si Judickaël Mistrin reconnaît que son entreprise, florissante autrefois, a complètement fait faillite, il décline toute responsabilité dans cette situation. "Tout plaquer pour ouvrir un centre de soin et un centre de formation en mettant leur savoir-faire, notamment la technique des "ciseaux 3 D" au profit de la clientèle mauricienne, mais avec quel argent ? " s'est interrogée la presse réunionnaise à l'époque.

"Que les entreprises subventionnées soient davantage contrôlées ! Ces chefs d’entreprises sont des patrons voyous"

Le secrétaire général de la CGTR sud, Max Banon ne mâche pas ses mots. Il a pointé du doigt le 8 février 2016, les entreprises qui "perçoivent des subventions de la Région, d’organismes de formation ou du Pôle emploi tout en se livrant à des manigances". 

Le syndicaliste en veut pour preuve ces employés des salons de coiffure et de massage Bô Institut qui sont sans nouvelles de leur chef d’entreprise depuis juillet 2015. Judikaël Mistrin se serait ainsi installé à Maurice en laissant derrière lui une trentaine de salariés à qui il n’a pas signifié la fin de leur contrat. 

"Ce chef d’entreprise a pourtant reçu des aides de la Région, de l’Agefos à hauteur de 10.000 euros par stagiaire sans pour autant respecter les conventions", proteste Max Banon qui rappelle que l’évasion fiscale des capitaux à La Réunion serait de 500 millions d’euros par an, dont à peine 10 % seraient récupérés par l’Etat. 

Dimanche 10 Février 2019