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Société

Chandra Prakash Dip peut remercier sa bonne étoile et son papa CP


Rédigé par E. Moris le Jeudi 5 Janvier 2023



Il peut remercier l'étoile mais aussi et surtout son père, le commissaire de police ! Chandra Prakash Dip n'ira pas en prison. Il a tenté toutes les options légales. Il a essuyé échec sur échec ! Son salut vient de la commission de pourvoi en grâce, présidée par l'ancien chef juge Keshoe Parsad Matadeen. Cela en dit long sur les ramifications au pouvoir. 

Comprendre la grâce présidentielle

Précisons dès le départ que ce n'est pas le président de la République qui octroie la grâce présidentielle. Il réfère toute demande à la commission de pourvoi en grâce qui donne ses recommandations. Le président s'allie sur la recommandation de la commission. Il arrive, lorsque le président et le président de la commission se connaissent, que certaines faveurs soient demandées et obtenues. Ce fut le cas sous un président de la République qui a été, à bien des égards, exceptionnel. Il ne faut surtout pas penser que Prithvirajsing Roopun va se morfondre des recommandations positives de la commission Matadeen dans le cas de Dip. Le Roopun a sûrement dû sauter au plafond avec plus d'agilité que Carlos Sotomayor. 

Ce qui pose problème 

Dans le cas de Chandra Prakash Dip, ce n'est pas tant l'octroi de la grâce présidentielle. Le gros problème, c'est la rapidité avec laquelle elle a été obtenue et la rapidité avec laquelle le cas a été traité. On a presque l'impression que tout a été fait pour éviter la prison au rejeton d'Anil Kumar Dip. Certes, ce n'est pas du jamais-vu malheureusement. Il y a eu d'autres cas étonnants. (voir plus loin)

L'affaire 

Le 18 novembre 2022, la cour suprême a rejeté la demande de Chandra Prakash Dip de saisir le Conseil privé pour contester sa condamnation. La cheffe juge Rehana Mungly-Gulbul et la juge Aruna Narain ont estimé qu'une affaire doit satisfaire certains critères pour pourvoir être référée au Conseil privé. Ce qui n'était pas le cas. En fait, Chandra Prakash Dip n'est qu'un délinquant, un récidiviste à col blanc qui a la chance d'avoir un papa haut gradé dans la police. D'ailleurs, le papa lui-même avait dû passer une nuit en cellule pour une histoire qui a été réglée entretemps. Mais passons ! 

Le fils Dip, donc, avait été condamné à 12 mois de prison par la cour intermédiaire après avoir été coupable de complot dans le cas d'un détournement de plusieurs millions de roupies au détriment de la Barclays Bank. Il n'a jamais pu faire casser ce jugement. Suite à la décision de la cour suprême, Chandra Prakash Dip a informé la cheffe juge qu'il allait saisir directement le Privy Council. Il a ainsi fait une demande pour le gel de sa condamnation. Demande agréée. 

Mais entretemps, Chandra Prakash Dip, le récidiviste, a fait déposer un dossier pour obtenir la grâce présidentielle. Encore une fois, c'est la promptitude avec laquelle ce dossier a été traité qui pose problème. En à peine un mois, le cas a été traité. Certes, certains diront que 24 personnes ont bénéficié de la grâce présidentielle, dont Chandra Prakash Dip. Mais il faut vraiment être fort pour nous faire avaler que la commission de pourvoi en grâce, qui est plutôt tortue, a pu travailler à vitesse de lièvre lorsque c'était nécessaire. 

En règle générale, une personne purge sa peine pendant que la commission de pourvoir en grâce examine son dossier. Et en cas de recommandation positive, le reste de la sentence est annulé. 
Or, dans ce cas, tout a été fait pour que Dip évite la prison. 

Le cas d'Anil Kumar Dip

Maintenant, tout s'explique ! Pourquoi Anil Kumar Dip s'est aussi facilement intégré dans le premier cercle de Pravind Kumar Jugnauth. Il y a le fait que les deux ont Kumar pour prénom. Mais cela va plus loin. L'intégration d'Anil Kumar Dip s'est, semble-t-il, faite grâce à l'épée de Damoclès qui pèse sur la tête de son fils. Le commissaire de police n'est pas un imbécile. Il savait pertinemment bien qu'il y avait l'éventualité que son fils n'arrive à faire casser le jugement. Peut-être lui a-t-on promis de faire le nécessaire s'il faisait « bon garçon » ! On voit très bien un certain B... Champal faire ce genre de promesses. Les deux sont, apparemment, copains comme cochons. Anil Kumar Dip a posé ses mises sur le cheval Jugnauth. Il touche le  jackpot. Et qu'importe que le nom Dip porte une grosse tâche. C'était déjà le cas avant ! 

Le cas Matadeen 

Que Dip ait décidé de vendre ce qui lui reste d'intégrité, pour sauver son fils, on peut comprendre. Cela ne signifie pas que c'est acceptable. Mais il y a un autre protagoniste dans cette histoire. Il s'agit de Keshoe Parsad Matadeen, le président de la Commission de pourvoir en grâce. Voilà une autre décision de l'ancien chef juge qui fera jaser. N'a-t-il pas réalisé que c'est, d'une certaine façon, bafouer la justice que d'empêcher Chandra Kumar Dip ne serait-ce qu'une nuit en prison ? 

Pas une première 

Ne faudrait-il pas un réel débat sur la commission de pourvoir en grâce. Car le cas de Chandra Prakash Dip n'est pas le première à faire polémique. Il y a eu le cas de Mohamed Siddick Maudarbocus. Cet ingénieur de 25 ans avait commandé de la drogue synthétique, du « black mamba », en ligne en 2015. Il avait été condamné mais alors qu'il attendait l’appel de sa sentence, il a reçu la grâce présidentielle. Beaucoup disent que c'est par rapport aux connexions de sa famille ! Ce qui n'est pas faux !  Ravindranath Bappoo, condamné pour le meurtre de sa femme Sandya en 2004, avait aussi obtenu la grâce présidentielle. Cela aussi avait fait débat. Tout comme le cas de Christophe Perrine. 

L'affaire Christophe Perrine

Le cas de Christophe Perrine avait causé un grand émoi dans le pays. L'homme, qui avait 33 ans, avait été condamné pour vol avec violence. Mais la Commission de pourvoi en grâce avait recommandé sa libération en octobre 2018. Sitôt libéré, il avait récidivé. L'habitant de La-Tour-Koenig a commis un cas de vol avec violence sur la fille de la Deputy Commissioner of Prisons d'alors. Il était entré chez elle. Cela avait suscité une telle polémique que Paul Bérenger avait violemment critiqué le président d'alors de la commission, l'ancien chef juge sir Victor Glover. Ce dernier s'était défendu en disant que les dossiers de la prison et de la police ne contenaient pas tous les éléments. Il avait aussi ajouté que même le cardinal Piat avait intercédé en faveur de Christophe Perrine. 

Conclusion 

Tout cela montre qu'il est grand temps de mettre de l'ordre dans le système de grâce présidentielle. En tout cas, au niveau de la garde rapprochée de Pravind Jugnauth, tout le monde est heureux. Dip a sauvé son fils. Le PM a fait plaisir à son lieutenant. Seule la justice est, un tantinet victime, dans l'affaire.

Jeudi 5 Janvier 2023


1.Posté par Caro le 05/01/2023 20:05
La pourriture même et nauséabonde de l ile Maurice

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