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Opinion

[Analyse] Le Premier ministre est "déconnecté" et n'a pas "entendu la colère" des Mauriciens


Rédigé par E. Moris le Dimanche 24 Avril 2022

Pravind Jugnauth a tenté d'opposer à la colère des manifestants des faits remontants à 1999, alors que c'est le coût de la vie et la hausse des prix qui sont devenus un problème national.



[Analyse] Le Premier ministre est "déconnecté" et n'a pas "entendu la colère" des Mauriciens
C'est la spirale de la hausse des prix qui a fait sortir les Mauriciens de leur long sommeil. Ils tiquent face aux chiffres de la pompe à essence, dont c'est la troisième majoration en 4 mois, soit depuis fin décembre. Entre les hausses du carburant, du gaz, des produits alimentaires et de beaucoup d’autres choses, les gens s’inquiètent de plus en plus pour leurs fins de mois. Car partout, les voyants du pouvoir d’achat ont viré au rouge.

 

Le Premier ministre de retour au pays a encore une fois fait preuve d'arrogance.

“Ces incidents étaient bien préparés depuis un certain temps. Il y a certaines personnes qui incitent des gens à la violence”. Difficile de faire pire en terme d'apaisement. Aucune empathie ni bienveillance à l'égard de ceux qui souffrent de la hausse des prix. C'est un Premier ministre déconnecté. Alors que les mauriciens protestent contre la vie chère à Maurice, depuis des semaines, voir des mois, Pravind Jugnauth préfère souffler sur les braises de la colère.

 

Cette déclaration fait suite au fiasco de la police à maintenir le calme dans le pays, alors que la violence urbaine a éclaté dans plusieurs régions du pays vendredi soir. Si dans une première déclaration, en Inde, Pravind Jugnauth a, entre autres, allégué que les personnes responsables des émeutes de 1999, dans le sillage de la mort de Kaya, seraient toujours à l’œuvre  et que ce sont elles qui inciteraient à ces manifestations, le Premier ministre a rajouté une couche aujourd'hui. Le chef du gouvernement, a allégué que certains politiciens sont derrière ces « désordres ».

Les récents évènement qui se sont déroulés dans les faubourgs de la capitale, résulte d'un manque de considération envers les populations les plus fragiles de la société. Depuis quelques mois, les prix dérapent. Riz, sucre, huile de palme, farine… le choc sur les denrées reste violent. De plus, deux ans après la pandémie qui a paralysé le monde, l'île Maurice est toujours en semi confinement. S'il faut apprendre à vivre avec, la pandémie s'est installée dans la durée sur cette petite île de l'océan indien.

Le rapport de l'Audit 2020.2021 a cloué au pilori la mauvaise gestion de l'Etat. Malgré de belles promesses de la part de Pravind Jugnauth depuis son arrivée au pouvoir, «L’argent public couma mo l’argent. Kan mo depense, mo faire gagne value for money», la dette publique continue d’augmenter et comme toutes les années, ce sont les anomalies concernant les organismes budgétivores qui retiennent l’attention. L'opinion publique réclame le changement. Avec la crise Covid, et celle des retombées du conflit Ukraine/Russie, les Mauriciens ne sont plus favorables au maintien des privilèges, alors qu'ils n'en bénéficiaient pas.

Tout le monde a compris qu'en pompant l'argent public et en faisant monter les prix ils dévorent le pouvoir d'achat. Les passe-droits, protections, subventions, monopoles, avantages statutaires, voyages, "missions", coûtent chers aux contribuables. Il n'y a pas à tergiverser, le gouvernement doit dépenser moins.

Dimanche 24 Avril 2022


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