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Opinion

Traumatisme nationale après la révélation des actes de torture et des brutalités policières à l'île Maurice


Rédigé par E. Moris le Jeudi 2 Juin 2022



Traumatisme nationale après la révélation des actes de torture et des brutalités policières à l'île Maurice
Accepter l'indicible horreur. Faire avec et se relever. Après les scandales de la prise en charge des malades en période de Covid-19 et la dissimulation du nombre de décès dans le pays, voila un autre traumatisme que doit faire face les Mauriciens.

Nous ne sommes pas un pays en guerre ou assiégé par un pays ennemi, nous ne sommes pas officiellement dans un régime de dictature et pourtant....Les actes de barbarie et de maltraitances commises par la force policière révélés au grand public interpellent et font froid dans le dos.

Le recours illégal à la force par la police pouvant entraîner des décès, des blessures et d’autres dommages, nous l’avons vu trop de fois, aux États-Unis et ailleurs, et il arrive que la police tue ou blesse grièvement des personnes lors d’arrestations à caractère raciste. Dans d’innombrables autres cas, la police réagit immédiatement par la force pendant des manifestations. A Maurice, les flics méprisent la loi en commettant des violations des droits humains, utilisant la force de façon injustifiée avec d’autres formes de mauvais traitements dégradants sur des détenus ou suspects.

Rappelons que tous les États sont tenus d’intégrer le droit international relatif aux droits humains dans leur législation nationale, mais beaucoup ne le font pas véritablement. Quand un Etat foule régulièrement aux pieds d’autres droits humains, tels que la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique, faut-il s'étonner des dérives policières ? Que vont devenir ces victimes pour obtenir vérité, justice et réparation, puisque l’impunité dont jouissent les agents de police fait rarement l’objet d’une enquête et de poursuites. Il est difficile à ce jour, après les révélations vidéos de torture et viol en bande organisée policière du week-end dernier, d’obtenir des chiffres fiables sur les crimes commis par des policiers car, dans de ce pays, ces données ne sont pas collectées correctement ou pas publiées. Le comble de l'injustice, les plaintes des victimes ne sont souvent pas enregistrées par la police qui préfèrent fermer les yeux sur les actes coupables de leurs collègues. C'est tout un système qui est pourri. Mais fort heureusement la parole se libère enfin grâce aux réseaux sociaux et la ténacité des hommes de loi.

C'est un système qui montre par ailleurs les failles des organisations non gouvernementales (ONG) ou des groupes de défense des droits humains. Les Mauriciens eux, souhaitent que le système judiciaire soit réformé en profondeur, de sorte qu’il soit mis fin aux violences policières qui font des ravages parmi une catégorie de la population.

Tous les cas où la police a fait usage de la force doivent faire l’objet d’une enquête approfondie, indépendante, impartiale et transparente, et les responsables présumés doivent être traduits en justice. Le ministère de la Justice doit réaliser des contrôles au sein des services chargés de l’application des lois ayant commis des violations des droits humains. Personne n’est au-dessus des lois, en particulier celles et ceux qui ont le devoir de les faire respecter. Mais n'est-ce pas prétentieux quand un supposé Attorney general s'occupe des salades et des patates ayant un pied dans l'agriculture ? Qu'elle crédibilité peut-on donner à ce genre de fonctions ? Comment un Premier ministre et ministre de l'Intérieur peut-il affirmer qu'il a pris connaissance des brutalités en visionnant les vidéos, et pourquoi s'est-il exprimé sur un sujet aussi grave dans une fête religieuse ? A Maurice, toute cette légèreté amène à des situations inextricables de la déchéance de nos institutions et de la démocratie.

 

Jeudi 2 Juin 2022


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