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Edito de Moris

Pravind Jugnauth et l’art de « jouer à la politique »


Rédigé par E. Moris le Dimanche 28 Octobre 2018

Un pays qui a fait de la médiocrité la grande aspiration nationale, poursuivie sans complexes, par des hommes politiques qui s’insultent sans apporter d’idées ou de vision et s’entourent de médiocres conseillers.



Malgré son armée de conseillers payés à grands frais, Pravind Jugnauth reste le pire communicant de l'histoire politique. Alors que la campagne préélectoral est quasiment lancée, avec tantôt des promesses électorales à la pelle pour les uns et un bilan assez gonflé pour les autres. Sans compter les appels du pied des "zolis mamzels" ou ceux des associations socioculturelles qui se sont invitées à la danse.

On se retrouve à compter le score des phrases assassines qui font le bonheur des membres du public et de la presse. Un véritable florilège entre un Roshi Badhain dans un esprit de reconquête: «Mo lespri, mo léker, mo trip pou ou», un Navin Ramgoolam reprochant aux mauriciens de ne pas savoir comment voter et qui a lancé cette phrase : « Bondié inn don ou l'esprit bizin konn servi li ». 

Lors des célébrations de la Journée mondiale des personnes âgées, plus agressif et revanchard le chef du gouvernement entre auto-congratulation de son bilan économique et autres joyeusetés, en a profité pour tacler le grand rival de la dynastie des Jugnauth :"Mo pas passe mo letemps nek pé piké même, ni pompé kuma ene la cheminée, gramatin ziska tanto"... «amizé ou soit tap djembé et fer madam touss sali, al kanpman  trwa-zer dimatin». 

La réponse des internautes ne s'est pas faite attendre dans un jeu de "baté randé pas fer dimal". Quelques téméraires ont diffusé une photo sur Facebook où on voit Sherry Singh, le Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom (MT) en compagnie de l’épouse du Premier ministre, Kobita Jugnauth. 

L'idée pernicieuse du « tous pourris » s'insinue ainsi. On craint le pire pour la suite. Les bisbilles continuelles, le tout-à-l'ego, l'incapacité de ces gens à laisser la place à d'autres générations, à d'autres couches sociales. Usant, affligeant, médiocre. 

Que dire des nombreux dérapages du Premier ministre souvent en roue libre, qui ne contrôle plus ses paroles, vaincue par son obsession envers son adversaire et dans un jeu de pouvoir "j'y suis, je reste".

Que dire d'un Premier ministre commentant le meurtre d’un garçon et laissant entendre que l’accusé ne mérite plus de vivre sur cette terre. Même si son avis est à titre "personnel", le dire publiquement alors que le père, maintes fois Premier ministre, n’a jamais caché son envie de réintroduire la peine de mort. Le Premier ministre du jour introduit par une supercherie semble avoir oublié un des principes sacro-saints d’une démocratie : la séparation des pouvoirs !  

Juger un accusé avant même le début de son procès, avant même les débats contradictoires, avant même l’énoncé d’une peine, si cela vient d’un homme de la rue on peut y voir un manque de connaissances juridiques. Mais quand ça vient d’un avocat de formation, et de surcroît un Premier ministre, il y a violation de la séparation des pouvoirs. Un comble alors qu'il est lui-même présumé innocent dans l’affaire MedPoint, tant que sa culpabilité n’a pas été légalement démontrée !

Comme un train fou lancé à grande vitesse, Pravind Jugnauth a également proféré de graves allégations et accusé le parti travailliste d’être derrière la profanation d’un kalimaye à Triolet. Comme si cette incitation à la haine n'était pas suffisamment grave, il a nommément accusé Devanand Rittoo, l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, ce qui relève d'une affaire criminelle.

Lors des célébrations de Divali à la Hindu House ce dimanche 28 octobre, le président de la Hindu House, Virendra Ramdhun, a lancé sous forme de provocation, face au Premier ministre et en présence des ministres également présents, un défi au vicaire général, le père Jean-Maurice Labour. Il lui demande d'aligner 60 candidats aux prochaines législatives et de se présenter au poste de Premier ministre «s'il se croit réellement fort».

Dans une attitude schizophrène, Pravind Jugnauth ne condamne pas, va jusqu'à dire s'inspirer du Dieu Ram et dans ce qui s'apparente à du déni : «Nous avons créé l’histoire et nous allons le refaire. Nous ne devons permettre à personne de  semer la division. Nous devons constamment allumer la flamme de l'unité et rester sur nos gardes».
 

Dimanche 28 Octobre 2018

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