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Opinion

[Opinion] Shakeel-Roshi : jeu de dupes


Rédigé par E. Moris le Jeudi 17 Février 2022



Le clash entre Shakeel Mohamed et Roshi Bhadain occupe l’actualité depuis la fin de la semaine dernière. Chacun y est allé de son petit commentaire. Des fois, pour sonner la charge contre Shakeel Mohamed. D’autres fois, pour tomber sur Roshi Bhadain. Et dans certains cas, pour critiquer le tandem de journalistes… enfin surtout Nawaz Noorbux. Le trop poli Jugdish Joypaul est comme une paire de skis… il glisse sur la neige de critiques.

Alors, que dire sur ce combat de chiens enragés en direct ? D’abord, aucune critique à l’encontre de l’animateur Joypaul. Il aurait pu tenir la lampe qui éclaire les invités. C’est à se demander d’ailleurs ce qu’il foutait sur le plateau. N’en déplaise à certains, rien à dire non plus sur l’animateur Noorbux. Ce n’est tout de même pas de sa faute si les deux crétins ont accepté de venir s’étriper sur son plateau.

Certains pourraient dire qu’il a jeté de l’huile sur le feu à plusieurs reprises. C’est son rôle ! L’arbitre du combat entre Mohamed Ali et Joe Frazier devait sans doute être l’homme le plus heureux au monde. Quant aux accusations qu’il aurait tenté de faire capoter l’alliance entre PTr et la plateforme l’Espoir, elles n’ont aucun fondement. Les VIP des deux camps n’ont pas besoin de Noorbux pour faire capoter une alliance… non plus pour en conclure d’ailleurs.

Si Noorbux ne pensait qu’à son match Frazier vs Ali, en revanche, Shakeel Mohamed et Roshi Bhadain, eux, sont coupables de n’avoir pas pensé aux conséquences d’un tel affrontement. Qu’est-ce que c’est idiot de leur part ! Heureusement d’ailleurs qu’ils ont tous deux perdu des points…même si Shakeel Mohamed est celui qui a perdu le plus dans cette histoire.

D’abord, la grande gueule du PTr a trouvé plus retors que lui. Roshi Bhadain est un boxeur de rue ou plutôt un adepte du mix martial art verbal. Les règles, il s’assied dessus. En tentant de garder un semblant de respectabilité, c’est-à-dire en utilisant l’art martial selon les règles, il s’est fait laminer. D’ailleurs, il ne pouvait en être autrement. Le fait qu’Irfan Rahman soit son cousin, alors qu’il prend un tantinet sa défense, était un gros désavantage. Surtout contre un adversaire aussi pugnace que Roshi Bhadain, prête à tourner un couteau dans une plaie afin d’atteindre la veine. Peut-être que dans un débat d’un niveau plus élevé aurait permis à Shakeel Mohamed de défendre correctement son point de vue. Mais avec le leader du Reform Party, c’était un duel à mort médiatique dans un enclos à cochons. Si l’on est délicat et que l’on n’aime pas trop la boue et la merde mélangées, faut rester très très loin.

Roshi Bhadain aussi a perdu bien des points dans l’histoire. Il reste l’infréquentable de service, celui dont l’on reste proche sans vraiment l’apprécier. Lors de ce débat, il a montré que son arrogance le précède, qu’il est prêt à tout pour marquer des points et que frapper sous la ceinture ne le dérange nullement. En fait, c’est le bourru de la bande, celui qui estime qu’il a constamment raison et qui ne vous laisse nullement vous exprimer. Il faut reconnaître qu’il sait donner des coups… et même en recevoir. Il a un rôle utile. Mais il pourrait être le fruit d’une orgie entre Poutine, Trump et King Il Sung. Si dans l’opposition, il agit comme une brute, c’est à se demander ce que cela pourrait donner au pouvoir. Un pays dirigé par Bhadain serait invivable. Il est comme les croisés ou jihadistes qui, pour défendre leur conception du bien, sont prêts à commettre tous les crimes possibles.

Mais le problème pourrait aussi être très simple. Il était déjà hors de question que Roshi Bhadain fasse partie d’une alliance entre le PTr et un éventuel adversaire. Il faut vraiment être d’un optimisme béat pour penser que Navin Ramgoolam aura accordé son pardon à Roshi Bhadain… aussi facilement et aussi vite. Rappelons que le leader du PTr est le seul ancien Premier ministre à avoir eu le traitement qu’il a reçu en 2015. Être emmené aux Casernes centrales comme un vulgaire repris de justice ! Avoir la chemise arrachée ! Roshi Bhadain, à l’époque plus MSM qu’un Jugnauth, est pour quelque chose dans ce traitement. Il était à la manœuvre. Ramgoolam  n’est pas aussi magnanime que l’est Adeela Rawat par exemple. La fille de Dawood a confirmé avoir rendu visite à la sœur du leader du Reform Party après le drame qu’elle a vécu. Elle l’a fait après que Roshi Bhadain ait, lui-même, vendu la mèche lors de l’émission.

En fait, Roshi Bhadain était non seulement un problème pour le PTr, qui ne veut pas de lui. Il l’est aussi pour la plateforme l’Espoir. N’allez surtout pas croire que Paul Bérenger adore le leader du Reform Party. C’est un cheval fou, qui n’a aucune limite et que personne ne peut contrôler. Même pas lui-même, d’ailleurs. À se demander si Paul Bérenger ne ronge pas ses freins et garde Bhadain justement pour faire une opération démolition contre Ramgoolam au cas où l’alliance ne se concrétiserait pas.

Pour ce qui est de Shakeel Mohamed, le problème est plus simple. Si Navin Ramgoolam le pouvait, cela fait un bon moment qu’il se serait débarrassé de lui. En 2014, il a tenté… avant de se raviser. Le petit-fils de Razack aurait pu lui faire perdre le no 3, alors qu’il a obtenu deux élus et un best-loser. Il se chuchote que Mohamed sera privé d’investiture la prochaine fois. C’est vite dit. Il se chuchote aussi que Mohamed voulait créer son propre parti ou s’allier avec un nouveau. Cela aussi c'est facilement dit. Certes, Shakeel pourrait prendre sa retraite politique. À son jeune âge, être le patron d’une étude (Yusuf étaNt très malade) et avoir une retraite de ministre assurée, c’est le jackpot sans même avoir misé d’argent.
Finalement, est-ce que cela n’arrangeait pas les deux « enfants terribles de la politique » (dixit Arvin Boolell) ? La politique se résumant souvent à des coups tordus, tout est possible.

Jeudi 17 Février 2022


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