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Opinion

[Opinion] Quand le petit Jugnauth fanfaronne : «kan mo paré, mo pou koumans zwé enn fim»


Rédigé par E. Moris le Dimanche 11 Septembre 2022



Le commencement d'une nouvelle ère. Elizabeth II, monarque la plus célèbre de la planète, est décédée le 8 septembre à 96 ans dans son château écossais de Balmoral. Elle était depuis son couronnement, le 2 juin 1953, le visage de la royauté et s’est inscrite, sa vie durant, dans le rôle de mère de la nation. Sa disparition, laisse les Britanniques orphelins. 

Sa présence rassurante dans tous les foyers britanniques se passait de mots. Elizabeth II savait comme personne incarner son sens de l’État, où la bienséance le disputait au stoïcisme. Si la comparaison risque de faire tiquer, à l'île Maurice, c'est une toute autre histoire qui se dessine. Le pays a hérité du rejeton de Sir Aneerood Jugnauth, un type qui viole la démocratie, la présomption d'innocence et, sa police, la vie privée des opposants politique.

«Misié Akil Bissessur, li ti lor nou radar dépi enn sertin létan. Parski nou ti soupsonn li ti pé fer sertin trafik ». Ce couplet, le Premier ministre l'a scandé haut et fort avec une très grande vulgarité, sur sa caisse savon lors de ses congrès-meetings, et repris en boucle par la MBC, la station nationale de propagande gouvernementale. Farouche opposant au régime, ce n'est un secret pour personne que l'avocat Akil Bissessur était dans le radar du gouvernement. Son combat contre les Jugnauth a démarré il y a déjà quelques années avec sa contestation contre la pension présidentielle de Sir Aneerood Jugnauth de son vivant, puis Sherry Singh, l'ami proche du couple Jugnauth et enfin récemment une affaire où Kobita Jugnauth doit se présenter comme témoin. Malheureusement comme dans tous les régimes totalitaires, au-delà d'être un simple opposant, Akil Bissessur était aussi l'homme à abattre.

Le jour de sa libération, Akil Bissessur a eu ses mots qui ont une certaine résonnance face à la machine à broyer : «What does not kill you, makes you stronger!» Ce n’est pas la première fois que Pravind Jugnauth s’immisce dans les enquêtes policières. On se souvient de son "enquête" dans l'affaire Kistnen, ou concernant l'ancien ministre Yogida Sawmynaden, en utilisant la police ou l’ICAC. L'autre enquête en cours concerne Sherry Singh, l'ancien ami intime du couple Jugnauth. Selon le Premier ministre, l’ancien CEO de Mauritius Telecom aura droit à une "enquête" venant d'un cabinet américain. Une dilapidation des fonds publiques sous fond de revanche personnelle. La destruction et la vengeance sont les marques de fabrique du clan Jugnauth. Il suffit de regarder la hargne et les humiliations subies de Dawood Rawat et ses proches, ou encore dans l'affaire Patrick Hofman.

Si dans chaque régime qui se succède il existe une liste noire, avec le clan Jugnauth, la méthode est aussi punitive. Quand ce n'est pas le fisc mauricien qui vous colle aux fesses, c'est tout un système avec un mode opératoire s'approchant de la mafia qui se met en place. Roshi Badhain, leader du Reform Party avait expliqué dans l'affaire Kistnen, qu’il y a un système mafieux qui opère dans le pays et qui comprend quatre niveaux. Si le premier comprend des gens au pouvoir, selon lui, il explique qu’il y a aussi des businessmen qui tournent autour de ces politiciens, des agents sur le terrain qui cherchent leur bout et enfin des gens qui font le sale boulot.

Navin Ramgoolam, leader du Parti Travailliste a affirmé à de nombreuses reprises, que pour la première fois depuis l’Indépendance, « le pays est dirigé par une clique mafieuse ». C’est ce qui explique, a-t-il ajouté que la légitimité de l’actuel pouvoir est remise en question par toute l’opposition. Il dénonce « des pratiques » et « des tactiques mafieuses » afin de rester au pouvoir.

Et dans tout ce foutoir, il y a un Premier ministre qui se prend pour Spielberg et déclare «kan mo paré, mo pou koumans zwé enn fim»....

Dimanche 11 Septembre 2022


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