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Opinion

[Opinion] Nando Bodha, le torpilleur en chef


Rédigé par La Rédaction le Samedi 2 Avril 2022



Une grande question pour commencer. Le torpilleur Bodha est-il téléguidé (par Bérenger et Duval) afin de mettre la pression sur Ramgoolam ou agit-il de son propre chef ? En tout cas, Nando Bodha joue crânement sa chance. Il souhaite être l’unique option de la plateforme L’Espoir.

Rappelons qu’il était une des options de Paul Bérenger et de Xavier-Luc Duval lorsqu’il avait démissionné du gouvernement. C’était d’ailleurs le facteur déterminant qui l’a poussé à prendre ses cliques et ses claques pour rejoindre l’opposition. 

Malheureusement, la mayonnaise Bodha n’a pas pris. Et pour cause ! Bill Gates ne peut devenir John Wayne ou Robert Mitchum du jour au lendemain… Il y a une question de taille, de calibre, de charisme et même d’aura. Et les dirigeants de la plateforme L’Espoir sont arrivés à une bien triste conclusion. Malgré tous ses défauts, malgré le fait que cela fait deux mandats qu’il est dans le Karo Kann, Navin Ramgoolam reste le seul candidat pouvant battre Pravind Jugnauth. Donc, seul un Jugnauth peut mater un Ramgoolam et seul un Ramgoolam peut mater un Jugnauth. 

Nando Bodha a alors dû faire profil bas. Le coq anciennement orange s’est débarrassé de ses ergots. Le supposé Doberman a dû retourner dans sa niche, la queue entre les jambes. Jusque-là, tout va bien. D’autant que Navin Ramgoolam semblait disposé à négocier et à effacer les erreurs du passé. Du moment qu’amende honorable est faite. 

Mais Paul Bérenger, dont la moustache vibre lorsqu’il est aux côtés de Navin Ramgoolam, avait oublié que le leader rouge est aussi redoutable aux négociations que Vladimir Poutine. Ce n’est que lorsqu’il est en position de faiblesse qu’on peut tirer le maximum de concessions de lui. En position de force, il vous fait devenir fou. Et Paul Bérenger, qui a toujours été fou d’amour pour son Navin, épelez Nuvin, a oublié l’épisode 2010 où il avait été tourné en bourrique… Ramgoolam l’avait même forcé à museler le pauvre Ramjuttun sous prétexte que les paroles de ce dernier pouvaient faire capoter les négociations entre PTr et MMM… alors qu’il avait déjà conclu une alliance avec le MSM. 

L’Espoir a accordé de nombreuses concessions au PTr et à Ramgoolam. Mais il semble, du moins de leur point de vue, que plus il obtient, plus il en veut. C’est peut-être dans ce contexte qu’il faut situer la sortie de Nando Bodha. Ce dernier avait, le 25 mars dernier, lors d’un rassemblement à Vacoas-Phoenix, le Manhattan de Maurice, affirmé que « Navin Ramgoolam n’a pas changé ». Samedi en conférence de presse, lorsque la question lui a été posée, il a maintenu ses propos. « Je n’ai fait que dire ce que je pense. Et je maintiens cela », avait-il précisé. C’est bizarre que les médias mauriciens n’aient pas accordé plus d’importance à cette déclaration. La presse mauricienne décidément… 

Cette semaine, il a remis cela sur Facebook. Il a déclaré, en substance, qu’il est intolérable que les années passent et que ce sont les mêmes noms qui dirigent le pays. Il a ajouté, pour donner le change, qu’on ne peut accepter que Lakwizinn dirige le pays. Il ne faut pas se faire d’illusions. Lorsque Bodha parle des « mêmes noms », il ne pense pas à Jugnauth uniquement. Il pense aussi à Ramgoolam. Mais la question du départ revient : Agit-il de son propre chef ? Plus prosaïquement, est-ce que Nando Bodha se permettrait de sortir la hache de guerre contre Ramgoolam sans la bénédiction de Bérenger ? Cela est fort peu probable. Tant que Bodha n’aura pas une assise personnel dans une circonscription, il restera le caniche du leader du MMM. Il aura toujours une laisse de couleur mauve autour du cou. 

De plus, c’est lorsque Navin Ramgoolam avait déjà commencé à faire le difficile que Nando Bodha s’est enhardi et s’est lancé sur le sentier de la guerre. Maintenant, les négociations ont capoté. Hier en conférence de presse, Patrick Assirvaden a déclaré que les propos de Nando Bodha sur Navin Ramgoolam ont fait capoter les négociations. Cela ne peut être vrai ! Si les négociations avaient abouti, Paul Bérenger aurait facilement ramené son toutou Nando à la niche. Ils sont légion ceux à qui il a donné des envies de grandeur et qu’il a tués politiquement par la suite. Nando Bodha n’aurait été qu’une tombe de plus dans le cimetière mauve. 

Mais là où l’affaire se corse, c’est que Ramgoolam aussi à une carte en manche. Il peut conclure une alliance avec le MSM. Cela coûtera beaucoup au leader rouge, notamment son amour-propre. À moins d’accepter le Château du Réduit, il devra travailler sous celui que Bérenger et lui surnommaient « Ti-Crétin » à une époque. Il lui faudrait avoir l’estomac solide pour bouffer son propre ego alors que sa santé n’est pas au mieux sur bien d’autres plans. 

Dans tout cela, Pravind Jugnauth et son équipe d’incompétents, en excluant les ex-MMM qui malgré tout arrivent à tirer leur épingle du jeu, peuvent continuer à prendre les plus mauvaises décisions qui soient en toute quiétude. Le drame, c’est que le MSM d’aujourd’hui peut mater L’Espoir et le PTr séparément aux élections. De plus, rien ne dit qu’ensemble, L’Espoir et le PTr pourront battre le MSM et son Premier ministre… car les problèmes de 2014 pourraient ressurgir. Entretemps, Rakesh Gooljaury et ceux qui mangent dans sa gamelle peuvent continuer leur travail de sape contre le MMM en faisant démissionner même les illustres inconnus. 

Mais mieux, sans un tel climat de méfiance, avec Bhadain et Bodha qui veulent écarter l’option Ramgoolam, tout est possible. Même un PMSD qui se jetterait de la passerelle de L’Espoir pour tomber dans les bras de Pravind Jugnauth ou de Ramgoolam est possible. On n’est pas sorti de l’auberge. Pravind Jugnauth a de beaux jours devant lui… même si lui et beaucoup de ses ministres pataugent dans l’incompétence et la mauvaise gestion… pour ne pas dire la corruption et la luxure savatée !

Samedi 2 Avril 2022


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