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Opinion

[Opinion] Les Mauriciens ont de moins en moins confiance en leur police


Rédigé par E. Moris le Dimanche 8 Novembre 2020

Une perte de crédit lorsque des proches du pouvoir invitent à la « provocation à la haine raciale » et font des « injures à caractère raciste ». Ceci continue de nuire à l'unité nationale, tout comme lorsque des têtes brûlées brandissent des armes sur la place publique à la vue et à la barbe des policiers...qui n'ont rien vu.



Nous avons été les premiers et les rares à avoir dénoncé l’excès de zèle de la police s’agissant de faire respecter les consignes de confinement, puis du couvre-feu, deux des mesures importantes prises par le Premier ministre Pravind Jugnauth pour stopper la propagation du coronavirus dans l’île.

Des mesures prises par la police, sous les ordres de son commissaire, et sous la supervision du ministre de l’intérieur, qui se trouve être aussi le Premier ministre.

Filmer des interventions policières pour faire respecter le couvre-feu, à coups de matraques et en utilisant un langage ordurier et de terreur, pour ensuite diffuser sur les réseaux sociaux est irresponsable. Voir une trentaine de membres de la force régulière, aidés de la Special Mobil Force (SMF), pour défoncer une maison vétuste et terroriser des enfants et des femmes, lyncher deux hommes âgés, les embarquer manu militari et continuer à les tabasser dans un poste de police tout en les filmant, encourage la violence par la violence. Le tout pour choquer, faire peur, montrer sa suprématie, sa force de frappe. 

La brutalité policière, c’est un drame que connaissent même les démocraties modernes. Aux États-Unis avec des noirs abattus de sang froid, récemment en France pendant les manifestations des Gilets jaunes. 

À l’île Maurice, il y en a toujours eu : l’affaire Labonne au début des années 1990, celle où Kaya est mort à Alcatraz en 1999, en passant par la mort en cellule policière de Rajesh Ramlogun entre les mains des Raddhoa Boys en 2006 ou celle d’Iqbal Toofany en 2015, ou encore David Gaiqui, «battu, déshabillé et dénigré» devant une policière en 2018, et récemment l’accident de Wooton ayant fait un mort, dont on attend toujours les retombées de l’enquête promise par Mario Nobin.

Ces quelques éléments de la police que souvent on appelle des «brebis galeuses»

Pour le ministre de l'Intérieur, la fin justifie les moyens, comme pour effacer toutes ses bourdes et ses décisions à-peu-près et de tenir ceux qui ne respectent pas les règles responsables de l’aggravation de la situation à Maurice. Pour le commissaire de Police, il doit venir justifier les moyens utilisés, en annonçant l’ouverture d’une enquête, dont on attendra les conclusions ad vitam æternam.

Les anciennes générations connaissent bien cette violence d’État, depuis les années 1980 contre une communauté qui n’adhère toujours pas à leur politique. Cette violence d’État est toujours d’actualité, puisqu'on «pisse lor dimunn», avec des menaces, sans compter les fraudes électorales, répression contre les opposants politiques, viol de la séparation des pouvoirs et non respect des institutions, et la mainmise sur la justice.

Deux mois à peine après les révélations de la Rédaction de Zinfos Moris où Ramjuttun Moher, dit Dhiren, fait l'objet d'une polémique entourant des messages invitant à la « provocation à la haine raciale » et « injure à caractère raciste » avec son groupe "Har Har" où ses membres ( son épouse, un publicitaire et un animateur radio entre autres) veulent avoir des fusils, si ce n’est des sabres. 

Un rassemblement sous forme de "rallye" à Grand-Bassin organisé le lundi 2 novembre à l'occasion de l'anniversaire du 186e anniversaire de l’arrivée des premiers migrants indiens à Maurice, a fait couler beaucoup d'encre.

Organisé par le beau-frère du ministre des Infrastructures, Bobby Hurreeram, Senna Budlorun, fils d’un ex-dirigeant socioculturel, grand défenseur des Baboojee, (qui a l'habitude de dérapage en tout genre et d'une plainte pour des propos à caractère raciste), des têtes brûlées n'ont pas hésité à parader en brandissant des drapeaux aux couleurs de l'Inde et des armes, notamment des sabres. Notons que ce rassemblement était sous forte escorte policière, mais la police selon l'inspecteur Shiva Coothen n'a rien vu. Néanmoins, la police a initié une enquête. Mais que va-t-elle donner ?

Shiva Coothen soutient toutefois que les policiers présents au défilé n’ont pas vu que des participants avaient des sabres. Et c’est là que la fameuse question se pose. Que faisaient ces policiers ? Si des participants, certains tout d’orange vêtus, ont marché sabres en main, et ont même été filmés, comment se fait-il que les policiers n’aient rien vu. 

De l'autre côté, Bruneau Laurette a décidé d’annuler la manifestation suite à la décision du commissaire de police qu’elle doit se terminer à 200 mètres du rond-point de Telfair. Il estime que cela allait poser un souci sur le plan de la sécurité.

Selon le Responsable du Police Press Office, la police avait certes donné son autorisation à la tenue de cette marche, mais des conditions y étaient attachées. L’inspecteur Coothen insiste que la police aurait assuré la sécurité des participants tout au long de la marche. 

 

Dimanche 8 Novembre 2020


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