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Société

[Opinion] Le gouvernement mauricien est-il condamné à l'immobilisme ?


Rédigé par E. Moris le Lundi 5 Décembre 2022



Si vous cherchez un sport pour renforcer la souplesse dans le léchage de bottes, alors ne cherchez plus : devenez ministre. Certains d'entre eux ont frôlé l'élongation ces derniers jours. 

L'exécutif a dû revenir sur une mesure controversée. Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy avec son petit côté précieux et maniéré a fait tout son possible pour faire le SAV du gouvernement en chute libre dans l'opinion publique. Il a lancé un appel à Nishal Joyram « Je lui rappelle que nous sommes sensibles à sa santé. Je lui demande de mettre un terme à sa grève de la faim ». Le ministre des Finances a déclaré que dès que la situation le permettra, les prix des carburants vont baisser. Et Renganaden Padayachy de souligner qu’il s’émeut pour Soodesh Callichurn. « Cette situation l’a tellement fatigué qu’il en est tombé malade », a-t-il déclaré. Et de souligner que cela montre que ce gouvernement a l’intérêt de toute la population à cœur. « Nous travaillons pour le peuple. C’est la raison pour laquelle je demande à Joyram de ne pas mettre sa santé en péril », a-t-il précisé.

Renganaden Padayachy a aussi précisé que le gouvernement est aussi sensible aux problèmes de toute la population. « C’est la raison pour laquelle nous venons avec une hausse des salaires par le biais de la compensation salariale », a-t-il précisé. Le grand argentier (ou petit dépendant…) a déclaré que la philosophie du gouvernement de Pravind Jugnauth est de rebâtir les réserves en une courte période de temps. Il a ajouté que c’est ce qui va permettre des baisses de prix

Malheureusement, il a eu beau expliquer la politique du gouvernement, rien n'y a fait, la controverse était enclenchée. Le problème, c'est que le chef du gouvernement en laissant son ministre monter au front, la veille, pour défendre la mesure, a déclenché dans l'espace médiatique un raz-de-marée de solidarité en soutien au gréviste de la faim. En revendiquant le fait de ne pas être à l'écoute, n'y a-t-il pas une crainte de nourrir à la colère des Mauriciens ? Les émeutes urbaines avaient contribué à peupler les ronds-points de tout un tas de revendications. Alors le gouvernement "Ensam tou posib" est-il à l'arrêt ? Toujours est-il que l'équipe gouvernementale cherche ces jours-ci à ne donner aucune prise aux procès en arrogance. Mais il arrive parfois que des mesures jugées répressives reviennent en boomerang à la face du gouvernement... 

A l'approche des vacances parlementaires, voilà de quoi faire grogner des milliers de comptes sur les réseaux sociaux. Dans notre démocratie en déclin, l'on assiste à une haine de la solution médiane, ce que Aron appelait la « décision raisonnable ». Elle ne satisfait personne. Ce qui pousse finalement nos dirigeants, trop souvent, à préférer bomber le torse, se tenir droit et répéter cette insupportable expression « j'assume », plutôt que d'avancer une solution, fût-elle imparfaite. Arrivera l'heure de faire le bilan de l'acte II de Pravind Jugnauth. Le chef du gouvernement doit impérativement tenter de rassurer une majorité fébrile qui voit sa cote baisser dans les enquêtes d'opinion. Et ce n'est pas en répondant personnellement aux diverses attaques et difficultés qui l'accablent tout en vantant son bilan, qu'il grandit. 

Chaque jour qui passe, Jugnauth fils avance avec un caillou dans sa chaussure. Nishal Joyram qui a entamé son 20e jour de la grève de la faim, vient gâcher le plaisir du gouvernement en cette fin d'année. Il a eu le mérite d' «agacer» et à «énerver» le chef du gouvernement. Dans le même temps, c'est facile d'être content de soi-même, mais Pravind Jugnauth a oublié, les instances internationales qui eux, ne sont pas à la solde du pouvoir. C'est ainsi que l’International Institute for Democracy and Electoral Assistance, fait entrer Maurice parmi les 7 pays ayant connu une érosion démocratique très grave. Notre pays est en assez bonne compagnie. Dans la même catégorie, l’on retrouve les Etats unis, le Brésil, la Hongrie, la Pologne, l’Inde et l’El Salvador. Disons qu’El Salvador est le seul pays quelque peu indésirable. Mais les autres ont de la gueule, il faut l’avouer. Le rapport dans lequel Maurice est épinglé s’intitule Global State of Democracy 2022. Le document souligne que la moitié des démocraties dans le monde est en déclin. Cela, en raison de plusieurs facteurs, notamment la remise en question de la crédibilité des élections ou encore des entraves à l’espace civique.

Merci chacha !

Lundi 5 Décembre 2022

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