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Opinion

[Opinion] Le coup de maître de Boolell au tandem Bérenger-Duval


Rédigé par E. Moris le Lundi 1 Mars 2021



C’est un joli coup que celui porté par Arvin Boolell ce lundi. En annonçant sa démission, il prend Paul Bérenger de vitesse, déstabilise Xavier-Luc Duval et se retrouve, par une drôle d’ironie, maître du jeu. Du moins dans l’opposition. 

Explications

Samedi en conférence de presse, Paul Bérenger est revenu sur le fait qu’ensemble, le MMM et le PMSD (sans oublier Nando Bodha) comptent plus d’élus que le PTr. Mais le leader du MMM a précisé qu’il ne s’agit pas, pour l’instant du moins et en attendant de voir ce que le PTr va faire, de demander à Arvin Boolell de démissionner. 

Néanmoins, sûrement parce que Shakeel Mohamed a tenu des propos qui ont froissé Paul Bérenger, ce dernier a expliqué que même si Arvin Boolell conserve son fauteuil de leader de l’opposition, le MMM devait obtenir un des postes de l’opposition, soit celui de whip. 

Une situation difficilement acceptable pour plusieurs raisons

Primo, cela équivalait à accepter l’aumône du MMM. Deuxio, rester leader de l’opposition selon le bon vouloir du patron d’une autre formation c’est avoir en permanence une épée de Damoclès sur la tête. Car à tout moment, Paul Bérenger aurait pu menacer de lui retirer son soutien. Tertio, travailler avec un whip de l’opposition issu d’un autre parti est toujours compliqué. D’ailleurs, ça l’est déjà avec quelqu’un de votre propre parti ! Enfin, s’il avait gardé son fauteuil, il n’aurait pu sauver celui de Shakeel Mohamed. En tant que capitaine du navire, au Parlement du moins, il ne pouvait laisser un membre d’équipage se noyer en pleine mer. 

Mais ce qui est remarquable, c’est qu’en un seul coup, soit en annonçant qu’il allait démissionner, Arvin Boolell a renversé la table de poker. Il désarçonne tout le monde. À commencer par le tandem Duval-Bérenger !

Il faut savoir que c’est le président de la République qui nomme le leader de l’opposition. Il choisit le patron de la formation, dans l’opposition, qui compte le plus grand nombre d’élus. Dans la situation actuelle, c’est le PTr avec ses 12 députés. Donc, logiquement, Arvin Boolell est en droit d’avoir le fauteuil. Effectivement, en cas d’alliance ou d’entente PMSD-MMM-Bodha, le PTr devient minoritaire dans l’opposition. 

Désormais, pour ravir le poste de leader de l’opposition, le PMSD et le MMM doivent formaliser leur entente. Ce qui n’était pas leur objectif, surtout qu’il y a un réel antagonisme entre les deux électorats, les deux états-majors et les dirigeants des deux camps. Deuxio, certains au sein du PMSD ne sont pas chauds à offrir le leadership de l’opposition à Paul Bérenger, pour des raisons historiques, encore moins à Nando Bodha, éventualité qui a été évoquée. Tertio, une alliance ou entente PMSD-MMM donne une certaine connotation ethnique. Pour faire simple, c’est l’entente ou l’alliance des Créoles que Roshi Bhadain et Nando Bodha (l’un est sans parti et l’autre a une formation fantomatique) ne pourront diluer. 

Mais plus important, c’est que l’obligation d’être en alliance pour avoir un fauteuil complique les choses. Pour n’importe quelle broutille, l’alliance peut voler en éclats. Dans une telle éventualité, l’on perd le fauteuil de leader de l’opposition, qui va revenir au PTr. 

En fin de compte, cela arrangeait tout le monde qu’Arvin Boolell reste leader de l’opposition. Surtout que ses talents de diplomate vont manquer. Il est arrivé à faire cohabiter et travailler ensemble des gens qui ne se supportaient pas. Si l’entente PMSD-MMM (et sûrement Bodha) n’est pas formalisée, le président de la République devra recontacter Arvin Boolell pour lui demander de prendre le poste de leader de l’opposition.

Lundi 1 Mars 2021


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