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Opinion

[Opinion] La proposition lancée par Roshi Bhadain, une folie ou un coup de génie ?


Rédigé par E. Moris le Vendredi 14 Avril 2023



Si du côté de l’opposition, les choses semblent aller au mieux en vue de la grande alliance inédite PTr-MMM-PMSD. C’est au niveau de la grande opposition que les tiraillements sont évidents. Roshi Bhadain n’a eu de cesse de demander aux élus de l’opposition de démissionner afin de forcer le gouvernement à donner des législatives anticipées. Jusqu'ici, c'est toujours une fin de non recevoir.

Stratégie intelligente mais risquée ! L’opposition parlementaire, elle, n’a eu de cesse de répliquer qu’en leur absence, le gouvernement pourrait voter toutes sortes de lois, allant jusqu’à abolir la tenue obligatoire de partielle. Paul Bérenger ne cesse de dire que la Constitution est floue à ce sujet car en évoquant majorité de trois-quarts, il n’est pas précisé trois-quarts de 70 ou 72 députés ou alors trois-quarts du nombre de députés à l’Assemblée nationale à ce moment précis. Argument acceptable… qui arrange l’opposition. 

Il y a deux jours, le leader du Reform Party Roshi Bhadain est revenu avec une nouvelle proposition. C’est-à-dire que 6 députés  démissionnent. De ce fait, le gouvernement n’aura pas une majorité de trois-quarts. Il y a plusieurs raison pour que Roshi Bhadain tient autant à une démission collective. Primo, il tient (et a intérêt à le faire) à montrer que gouvernement et opposition, c’est blanc bonnet, bonnet blanc. C’est ainsi qu’il peut davantage faire montre de sa différence. C’est ainsi qu’il pourra mieux attirer ceux qui rejettent les deux blocs. Deuxio, il tient à montrer que c’est lui qui est le plus créatif dans l’opposition. Du moins, c’est lui qui vient avec les idées et propositions les plus folles et les plus innovantes. Celles qui emmerdent le plus aussi… gouvernement comme opposition ! 

Enfin, pour Roshi Bhadain, si les choses suivent leur cours normal, il pourrait n’avoir qu’un rôle de figurant aux prochaines élections. Mais lui veut être sur l’affiche. Ce qui ne serait pas simple si la grande alliance PTr-MMM-PMSD est concrétisée et trouve une vitesse de croisière. En précipitant les choses, il augmente ses chances d’avoir un rôle de second rôle important au moins. 

Revenons à sa proposition. Les réactions du côté de l'opposition ne se sont pas faites attendre. Invités sur le plateau d'une radio privée, Joanna Bérenger, députée du Mouvement militant mauricien, et Khushal Lobine, élu du Parti mauricien social-démocrate, ont refusé en bloc. Il fallait s'y attendre.

Pour eux, l'argument brandi est qu'il n’y a aucune garantie que la démission des membres de l’opposition conduise à des élections partielles. Le risque est trop important, vu « la machinerie du MSM ». Lobine a même déclaré avec emphase : « Le rôle de l’opposition, c’est de rester au Parlement contre vents et marées ».

Rappelons que Sooroojdev Phokeer,ancien agent du MSM, nommé comme Speaker de l'assemblée  abuse de ses prérogatives pour expulser des membres de l’opposition à chaque séance parlementaire ou les empêcher de poser des questions embarrassantes au gouvernement. L'opposition à part se faire expulser comme des malpropres, rabrouer de façon infantile et humiliante, semble s'adapter de cette situation masochiste. Mais n'est-ce pas là déjà un point de non retour dans l'opinion publique ? 

Roshi Bhadain, un empêcheur de tourner en rond a peut-être raison de vouloir que les choses bougent. Ce statu quo est une insulte envers les Mauriciens, qui voient avec impuissance la démocratie bafouée à chaque fois que les portes du Parlement veuillent bien être ouvertes. Au-delà de l'abus du Speaker, il y a une forme d'abus de la patience des citoyens. Entre vacances parlementaires indécentes et expulsions de plusieurs séances, les députés ne sont plus tout à fait crédibles. Ce ne sont pas des conférences de presse longues et ennuyeuses où chacun étalent son indignation et sa frustration publiquement qui vont porter de l'eau au moulin... Encore moins les pleurnicheries avant la séance parlementaire pour signifier qu'ils sont foutus dehors ou "solidaires". 

Roshi Bhadain a le mérite de proposer des solutions pour sortir de cette impasse. L'opposition continue la stratégie "peze nenez". 

Vendredi 14 Avril 2023


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