Menu

Opinion

[Opinion] Ingérence inquiétante de New Delhi dans la future campagne électorale à l'île Maurice


Rédigé par E. Moris le Mardi 24 Janvier 2023

Dons, emprunts, ligne de crédit par milliards de roupies... La République est tenue à bout de bras par les bailleurs de fonds et les "pays amis".



Tout le pays repose sur des projets financés par l'aide internationale et, bien souvent, avec la main d'oeuvre étrangère. Il s’agit d’une vision qui, depuis 2014, peine à sortir d’une grave crise politico-sociale. L'île Maurice, considérée un temps comme le Tigre de l'Océan indien, est soutenue à bout de bras par la communauté internationale… que ce soit pour ses ponts, son métro, ses bâtiments administratifs, ses dispensaires et encore ses hôpitaux. Les réalisations financées par l’aide internationale sont innombrables. Sans compter les programmes moins visibles ! 

Cette manne tarde d’ailleurs à porter ses fruits. Puisque neuf ans plus tard, depuis le retour des Jugnauth père et fils au pouvoir, le miracle économique ne parvient pas à décoller. Le pays était déjà en difficulté bien avant la pandémie. Les partenaires se multiplient allant dans une surenchère indécente, dans un vaste plan géopolitique. 

Officiellement, nous ne sommes pas en campagne électorale, mais les signes ne trompent. La pétition électorale de Suren Dayal, candidat battu du Parti travailliste (PTr), contre Pravind Jugnauth, Leela Devi Dookun Luchoomun et Yogida Sawmynaden après l’élection de ces derniers à Quartier-Militaire/Moka lors des élections générales de 2019, qui va atterrir au Privy Council est une épée de Damoclès pour le leader du MSM.

Alors que Pravind Jugnauth estime que sa carrière politique est prédestinée pour rester au pouvoir avec un second mandat, c'est le coup de pouce de l'Inde qui interpelle. En effet, L’Inde fera un "don" de 25 millions de dollars pour l’extension Réduit-Moka/St-Pierre/Côte-d'or, en y ajoutant une ligne de crédit de 300 millions de dollars. Le gouvernement indien a consacré un total d'un milliard de dollars au projet Metro express, jusqu’ici soit plus de Rs 43 milliards dont 30 % qui sont offerts sous forme de subvention.

Viabilité du projet ? On s’en fout… royalement ! Les premiers coups de pioche pour emmener le Metro Express jusqu’à Côte d’Or seront donnés en avril 2023 et prendront fin début 2024. Selon le CEO de Metro Express Ltd, Das Motanah, une étude de faisabilité a été réalisée l’année dernière. Mais à ce jour, le rapport et sa publication ne sont toujours pas disponibles. Est-ce qu'il y aurait des dépenses cachées ? Qui a mesuré la rentabilité du Metro Express dans cette région entourée de champs de canne ? Mystère...

Officiellement, l'Inde aide Maurice. Officieusement, personne n'est dupe sur cette mainmise étrangère dans le développement de l'île. Par ailleurs, la dette publique à Maurice est comme une montgolfière. Il grossit à vue d’œil. Le Fonds Monétaire Internationale (FMI) estime que, malgré les grandes annonces du gouvernement, il sera quasiment impossible pour la dette publique de descendre sous la barre des 90% du PIB avant 2026-2027. La dette brute de la République de Maurice est à 101% de son produit intérieur brut et fait face actuellement à un problème de surendettement. À Maurice, la dette publique a atteint Rs 460 milliards à la fin du mois de septembre dernier, avec une hausse de plus de Rs 11 milliards en trois mois et de Rs 25 milliards en six mois.

L’Inde a toujours soutenu qu’elle prête de l’argent aux amis et que c’est à ces derniers de voir comment ils vont l’utiliser. Mais personne n’est dupe ! Pravind Jugnauth est l’otage de la Grande Péninsule. Pour ses amis indiens, sans qui il n’aurait pu tenir, il est prêt à ouvrir les cages de Baie du Jacotet et, pourquoi pas, à prêter Agalega. Sa survie politique en dépend ! Car sans l’Inde, il aurait été comme les passagers clandestins qu’à l’époque les marins jetaient par-dessus bord avec un boulet au pied… Certains se trouvent dans les abysses au large d’Agalega.

Mardi 24 Janvier 2023


LES PLUS LUS EN 24H