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Opinion

[Opinion] Ganoo « heureux » dans un GM MSM… Et pour cause !


Rédigé par E. Moris le Dimanche 21 Août 2022



Il faut tout de même avoir un certain type de courage pour dire que l’on est « heureux » dans un gouvernement MSM. Enfin, pour quelqu’un comme Alan Ganoo du moins. On peut comprendre qu’un Kalpana Koonjoo-Shah ou encore un Maneesh Gobin n’aient aucun problème à le dire. Qu’Alan Ganoo le dise, cela peut faire tiquer. Et ce, pour plusieurs raisons ! 

N’ayons pas peur de le dire, Alan Ganoo n’a jamais eu les valeurs du MMM chevillées au corps. Il était un opportuniste dès son entrée en politique. Son aventure de « l’extrême-gauche » au sein du MMM faisait partie d’une stratégie. D’ailleurs, il s’en est départi dès qu’il a eu l’occasion de le faire. Depuis, Alan Ganoo était considéré comme une taupe travailliste au sein du MMM. Un peu moins certes que son défunt compère Jayen Cuttaree, qui était (presque) le « frère », dans tous les sens du terme, de Navin Ramgoolam ! 

Mais Cuttaree et Ganoo étaient les « agwa » de service de Paul Bérenger. Cuttaree en retrait, puis décédé, ce rôle fut confié au seul Ganoo. Paul Bérenger avait tellement confiance en son sherpa de service que lorsqu’il dût se faire opérer en France, c’est à Alan Ganoo qu’il confia le poste de leader de l’opposition. C’était avant 2014… « il y a un siècle, une éternité », selon Joe Dassin. En bon majordome, Ganoo était aux ordres de Bérenger.

Il ne digéra cependant pas que son maître lui fasse porter le chapeau de l’alliance avec le PTr en 2014. Ce fut un désastre pour les deux formations. La certitude, au début, de remporter une belle victoire se transforma, au fil des jours de la campagne électorale, en naufrage. Ce fut la fin de la fin, comme aurait pu le dire Churchill… du MMM d’un côté, et de Ramgoolam de l’autre. Le leader du PTr n’a pu revenir au Parlement depuis. Quant aux mauves, ils perdirent leurs bastions en 2014. Leur leader fut à deux doigts d’être battu dans son fief du no 19. 

Le MMM, depuis, est devenu une loque… Les dirigeants se retournèrent contre Ganoo. Ce dernier attendit à ce que Bérenger lui apporte son soutien. Il n’en fut rien. Ou alors ce fut du bout des doigts. Pourtant, le pauvre Ganoo soutenait qu’il n’avait fait que relayer les désirs et souhaits de Bérenger. Il n’avait été que le messager, arguait-il. Mais il dût subir seul la vindicte (populaire) des militants. C’est la raison principale pour laquelle il quitta le MMM pour former le pathétique Mouvement Patriotique… avec Joe Lesjongard, Rafick Sorefan, Atma Bumma et Jean-Claude Barbier. Il sut malgré tout naviguer sa barque. 

Et en 2019, à la suite d’une stratégie étonnante, il opta à la dernière minute pour l’Alliance Morisien alors que ses lieutenants et le parti avaient opté pour l’Alliance Nationale, il se retrouve au gouvernement. Il n’aura pas marqué les esprits certes. Mais au sein du gouvernement MSM, le travailliste Ganoo eut le respect voulu de la part de Pravind Jugnauth. Oui, ce n’est pas un mariage de cœur. Le leader du MSM a besoin d’un homme qui peut aider son parti à enlever les trois sièges de la circonscription no 14. Et ce, quels que soient les boulets qu’on lui attache aux pieds. En 2019, c’était Sandra Mayotte et Prakash Ramchurun. Avant, pour le compte du MMM, il avait porté le gros boulet qu’est Joe Lesjongard, alors transfuge du MSM, à bras le corps. 

Donc, il ne faut plus s’étonner que Ganoo dise qu’il est « heureux d’être dans un gouvernement MSM ». Il l’a fait à maintes reprises. Il ne fait pas s’étonner non plus qu’il s’attaque, comme ce fut le cas lors du congrès du MSM à Chemin Grenier, à Paul Bérenger. Il a été plus virulent que Pravind Jugnauth dans ses critiques contre le leader du MMM. Ganoo est allé jusqu’à évoquer les trahisons de Paul Bérenger en 1983 et en 1993 contre sir Anerood Jugnauth. 

Ganoo est aujourd’hui plus MSM que Pravind Jugnauth. Ses propos lors de l’inauguration d’un fly-over à Palmerstone, Vacoas, en sont la preuve. Il a fait serment d’allégeance à Pravind Jugnauth. Il lui a juré fidélité. C’est davantage la blessure qui le fait clamer publiquement son soutien à un gouvernement qu’on pourrait facilement qualifier de pourris, limite pourriture. Néanmoins, lorsque Rajesh Bhagwan vient dire sur une radio que sans Paul Bérenger, Ganoo ne serait pas député. On pourrait rétorquer que sans Ganoo, le MMM aurait perdu le no 14, seule circonscription rurale (avec ses propres spécificités), depuis belle lurette. 

Mais espérons que les paroles de Ganoo concernant son bonheur au sein du MSM ne viennent pas lui retomber sur le nez comme un bien vilain et gros crachat.

Dimanche 21 Août 2022


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