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Opinion

[Opinion] CP et DPP encore une fois en guerre ouverte


Rédigé par E. Moris le Mercredi 1 Mars 2023



Est-ce sans précédent ? Non ! On se rappelle qu’un ancien commissaire de police avait envoyé des hommes aller procéder à l’arrestation d’un DPP, en l’occurrence Satyajit Boolell. Ce n’était pas si longtemps. En 2015 seulement ! 

Là, c’est la première fois qu’un commissaire de police critique ouvertement une décision d’une cour de district et la prérogative du bureau du DPP. Dans cette optique, c’est sans précédent. Hier, la police a émis un communiqué contenant ses commentaires sur l’affaire Bruneau Laurette. Surtout la décision du bureau du DPP de ne pas aller de l’avant avec l’appel de la libération sous caution de Bruneau Laurette. « Cela crée un mauvais précédent », affirme Anil Kumar Dip. 

Il rappelle que 337 suspects sont actuellement en détention pour trafic de drogue allégué et que désormais, leurs hommes de loi vont réclamer la libération sous caution de leurs clients. Il soutient aussi que la quantité totale des drogues saisies chez ces suspects ainsi que la valeur sont inférieures à la cargaison retrouvée chez Bruneau Laurette. 

Regardons la situation à tête reposée. Pourquoi le Commissaire de police n’aurait-il pas le droit de critiquer une décision du DPP ? En fait, dans un pays digne de ce nom, civilisé, où les institutions sont indépendantes, cela aurait été parfaitement normal. Mieux, cela aurait été salutaire que des personnes ayant des postes constitutionnels ne soient pas du même avis et affichent leurs désaccords ouvertement. Car, du point de vue de la police, 337 suspects dans des affaires de drogue pourraient retrouver la liberté après la décision du DPP de ne pas aller de l’avant avec l’appel de la décision de la cour de Moka. 

C’était le cas du DPP (de l’époque) suite à l’affaire Medpoint. La contestation devant le Privy Council du jugement de la cour suprême innocentant Pravind Jugnauth n’avait rien à voir avec la personne du leader du MSM mais le fait que nombre de personnes qui attendaient d’être jugées pour trafic d’influence allaient s’en sortir. 

Pourquoi serait-il différent pour Anil Kumar DIp ? C’est là que la crédibilité entre en jeu. Si Anil Kumar Dip était Satyajit Boolell,on n’en aurait pas fait tout un plat. Mais la crédibilité d’Anil Kumar Dip n’est pas au top. Et c’est là que le problème se pose ? Qui accepterait de mettre sa main au feu que Dip n’est pas conseillé par le gouvernement ? Par Maneesh Gobin, pourquoi pas ? 

Voilà le drame de ce pays. Mais pire ! Autant que Dip a peut-être raison de ne pas apprécier la décision du DPP mais en exposant son désaccord en public, n’accentue-t-il pas la déclaration du Premier ministre qui a déclaré que des gens placés protégeaient des trafiquants ? Ce faisant, n’accorde-t-il pas foi à Sun Tv News qui avait fait de viles attaques contre le judiciaire et le DPP ? En tenant les propos qu’il a dits dimanche, Pravind Jugnauth n’a-t-il pas donné crédibilité à Sun Tv News ? 

Certains diront que des partisans de Bruneau Laurette se sont aussi attaqués à la représentante du DPP, Manjula Bhoojarut, lorsqu’elle a donné avis d’appel. Ils ont raison. Mais parmi les sympathisants de Bruneau Laurette, l’on trouve des anarchistes, des analphabètes et d’autres qui ne comprennent rien à la justice. Est-ce qu’on peut les comparer avec un Premier ministre et un Commissaire de police ? Peut-on dire qu’Ivan Bibi et Percy Yip Tong, pour ne citer que deux, sont au même niveau qu’Anil Kumar Dip ?
Si une personne répond OUI, il  n’y a plus qu’à tirer l’échelle !

Mercredi 1 Mars 2023


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