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Opinion

[Opinion] Ameenah Gurib-Fakim est la seule à croire qu'elle n'a pas fauté


Rédigé par E. Moris le Samedi 24 Septembre 2022



Ameenah Gurib-Fakim est un peu notre Richard Nixon local. Pas en raison du fait que les deux ont été menacés d'une procédure "d'impeachment" et ont eu à démissionner de la présidence. Non, les deux sont deux boxeurs, deux entêtés qui n'acceptent pas facilement la défaite, qui vont se battre pour obtenir raison...même lorsque tout montre qu'ils ont tort. Certes, Ameenah n'est pas Quaker comme "Dick" Nixon. Mais comme lui, elle restera dans l'arène jusqu'à ce qu'elle soit mise KO. Ce n'est pas forcément une qualité. 

À l'écouter, elle est une victime expiatoire... un pauvre bouc-émissaire. Certes, la commission Caunhye ne l'épargne pas. Voilà un cas où les mots tuent (ou presque). Ameenah Gurib-Fakim aurait sûrement préféré être agressée à coups de gourdin, quitte à abîmer son maquillage L'Oréal, qu'être violentée par les conclusions d'Asraf Caunhye, Nirmala Devat et Gaitree Manna. C'est terrible. Les conclusions sont sanglantes. 

L'ancienne présidente affirme qu'elle va demander une révision judiciaire. C'est son droit! Souvent, ceux qui ont saisi cette option ont obtenu gain de cause et sont arrivés à faire enlever certaines phrases, certains conclusions et certains paragraphes. Dans la plupart des cas, c'était parce qu'ils n'avaient pas été appelés à s'expliquer sur ces parties précises. 

Or, dans ce cas, le trio Caunhye-Devat-Manna ont pris le soin, à chaque fois, de donner la version d'Ameenah Gurib-Fakim avant de conclure, du moins en ce qui concerne le fait qu'elle ait pris avantage des largesses de Sobrinho et autres Mauricio, que ses explications ne tenaient pas debout. De plus, comme la commission d'enquête était axée sur sa décision et ses actions, Ameenah Gurib-Fakim devra contester au moins 70% du rapport qu'elle qualifie de « malhonnête intellectuellement »

Ameenah Gurib-Fakim est dans un délire ou un déni. À se demander si elle réalise que la commission Caunhye l'accuse d'avoir violé la constitution en acceptant, en tant que présidente de la République, des largesses venant d'un tiers. Elle ne se résout même pas à accepter qu'en acceptant une carte de crédit mise à disposition, donc de l'argent, c'était sinon illégal du moins immoral et malhonnête. Dans les médias, elle affirme qu'il ne s'agissait pas de l'argent des contribuables. Elle n'aurait jamais dû accepter la carte de crédit. C'était presque du tapinage institutionnel ! Elle n'a rien compris.

Mais nous, on peut faire l'effort de la comprendre. Oui, elle est « une self-made-woman » à qui personne n'a « fait de cadeau » dans la vie. On conçoit ! Acceptons aussi, comme le dit dans Week-end, qu'elle ait été victimisée dans sa carrière. On croirait presque les malheurs de Sophie! On dirait que le sort s'acharne sur elle. Il lui arrive tout... Elle affirme aussi que tout ce qu'elle a acquis, c'était à la sueur de son front. Faux... du moins en ce qui concerne la présidence de la République. Les critères qui ont joué pour elle : elle était copine à Ivan Collendavelloo, elle est musulmane et une scientifique reconnue... 

Un peu comme "Dick" Nixon, elle n'aura jamais la reconnaissance voulue qu'elle estime méritée. Comme l'ancien président américain, elle estime qu'avoir eu à se battre dans la vie lui donne droit à certains excès. Et comme "Dick", elle a un problème avec l'argent. Si Ameenah Gurib-Fakim était restée scientifique et visage de L'Oréal, elle aurait pu empocher l'argent de qui elle veut. Elle a choisi la présidence mais voulait continuer à garder les avantages de ses anciennes fonctions. C'est cela qu'elle n'admettra jamais. Tout comme elle n'admettra jamais qu'elle a voulu instituer une commission d'enquête uniquement pour avoir la chance de rester en poste alors que le gouvernement qui l'avait nommée voulait la descendre. 

Mais là où elle a raison, c'est que d'autres personnes ont aidé Alvaro Sobrinho. D'autres personnes, dont des influents politiciens, ont profité des largesses de l'homme d'affaires angolais. Elle est la seule à payer les frais. Oui, comme elle le dit, il semble qu'on lui mette tout sur le dos. Évidemment, la lettre anonyme n'a pas été évoquée. Mais ce n'est que récemment qu'on a appris qu'elle aurait été écrite, du moins corrigée, par Ken Arian. Ameenah Gurib-Fakim dit avoir l'impression que la commission n'a pas voulu aller en détail sur son histoire mais s'est concentrée sur la carte de crédit et les dépenses. C'est un point qui valable aussi ! Elle revient aussi, dans sa défense, sur le fait que ses amis d'hier, soit l'Attorney General et surtout Ivan Collendavelloo, ne l'ont pas aidée. C'est peut-être vrai mais qu'est-ce que la commission aurait pu dire à ce sujet? Mais elle évoque un point intéressant. C'est qu'Ivan Ivan Collendavelloo a joué un rôle pour l'acquisition de Royal Park et d'autres investissements de Sobrinho. Et enfin, il a le fait que Pravind Jugnauth a aussi rencontré Alvaro. 

Elle soutient aussi que le gouvernement veut dévier l'attention du public sur les divers scandales. C'est un joli point médiatique...mais pas dans le cadre d'une demande de révision judiciaire.

Samedi 24 Septembre 2022


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