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Société

«Miammiamgate» : Sinatambou porte plainte contre des journalistes


Rédigé par E. Moris le Mercredi 21 Août 2019

L'affaire Sinatambou ressemble à s'y méprendre aux luxueux dîners de François de Rugy aux frais de l’Assemblée nationale en France. L’ancien président du Palais-Bourbon et actuel ministre a assuré que la dizaine de dîners organisés en 2017 et 2018 étaient « liés à l’exercice de sa fonction auprès de la société civile ».



Les frais de bouche "all inclusive" du ministre dans un hôtel cinq étoiles et restaurants continuent d'enflammer les esprits. Si Etienne Sinatambou, pris la main dans le sac, dément comme un beau petit diable, il a d'ailleurs publié le 12 août sur sa page Facebook une vidéo «réplique aux mensonges de mes détracteurs», dont le seul titre fait frémir... et avait annoncé sans surprise qu'il allait porter plainte.  

Après l'affaire Shameem Korimbocus, un ressortissant mauricien, expulsé de Dubaï qui s’est fait un nom parmi les Mauriciens et expatriés. L'auteur de la page Facebook La vérité ki pou dérange Zot, qui n'hésite pas à dénoncer sous forme de courtes vidéos, la situation politique à Maurice, toujours avec beaucoup d'humour.  

Une plainte en diffamation portée par le ministre Etienne Sinatambou contre la presse.

C'est la journaliste Anju Ramgulam du groupe la Sentinelle qui est convoquée aux Casernes centrales, vendredi 23 août. Les policiers du Central Criminal Investigation Department (CCID) veulent lui poser quelques questions par rapport à son billet d’humeur intitulé Etienne: «Pa vinn gat makaroni», paru le vendredi 16 août.

La police a également convoqué Zahirah Radha, la rédactrice en chef de Sunday Times le jeudi 22 août.

Depuis quelques mois, des événements très graves se passent à l'île Maurice, des voix s'élèvent de plus en plus nombreuses pour dénoncer des atteintes intolérables à la démocratie.   

Le gouvernement du Premier ministre Pravind Jugnauth a décidé de passer à la vitesse supérieure en matière de répression avec une loi punissant de 10 ans de prison les auteurs de messages électroniques vexant, menaçant, pouvant déranger ou agacer un autre individu.  

Le président de la République mauricien par intérim, Barlen Vyapoory, avait promulgué la Judicial and Legal Provisions Act, "malgré les critiques et craintes exprimées par les Mauriciens". Cette loi a vocation à restreindre non seulement la liberté d’expression des internautes mais aussi celle de la presse. Les médias en ligne encourent, tenez-vous bien, jusqu’à dix ans d’emprisonnement.   

Le chef de l’État par intérim a affirmé que la majorité des internautes n’a rien à craindre. "S’ils n’ont rien fait de mal, ils ne seront pas inquiétés. Mais forcément, ceux qui font tort à autrui seront sanctionnés. C’est une loi pour protéger les bons", a déclaré Barlen Vyapoory.   
Cette nouvelle loi punira de dix ans de prison toute personne qui "envoie un message électronique qui peut être vexant, menaçant, peut déranger ou agacer un autre individu". Or, comme le font remarquer certains juristes, les dispositions de la loi sont très vagues et permettront tous les abus.   

Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un outil politique entre les mains du gouvernement visant à faire peur et à de quoi inquiéter. 

A lire : [Pierrot Dupuy] L'île Maurice est-elle encore une démocratie ?

Mercredi 21 Août 2019

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