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International

Médias indiens : Mainmise grandissante du Bharatiya Janata Party (BJP) de Narendra Modi


Rédigé par E. Moris le Dimanche 11 Décembre 2022

Le premier ministre nationaliste entremêle de plus en plus la politique et la religion, alors que les minorités musulmane et chrétienne sont harcelées et attaquées par les extrémistes hindous.



Page officielle @Narendra Modi
Page officielle @Narendra Modi
On assiste dans divers États de l’Union indienne, une modification des noms des villes, rues et gares afin de valoriser le patrimoine historique et linguistique national. Bien souvent, ces États sont dirigés par les nationalistes hindous du BJP (Bharatiya Janata Party, Parti du peuple indien). Le changement de nom consiste à réhabiliter la version hindoue de lieux qui ont pris une consonance islamique au long des sept à huit siècles de présence musulmane dans le pays.

Ces mesures ne sont qu’un aspect d’une tendance bien plus vaste, qui est à l’œuvre depuis que le BJP est revenu au pouvoir en 2014. Le Premier ministre, Narendra Modi, incarne tout à la fois l’aspiration indienne à la modernité et la tendance au repli identitaire. Le retour au pouvoir du BJP et la victoire de Narendra Modi ont notamment résulté du soutien du RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh).

Cette Association des volontaires de la nation n’est pas seulement l’organisation la plus importante de la mouvance nationaliste hindoue, c’est aussi son cœur idéologique. Créée en 1925, elle se définit comme culturelle. Elle s’appuie sur un groupe de cadres entièrement dévoués à sa cause qui propagent l’idéologie dans toute l’Inde et, au-delà, dans les réseaux de la diaspora.

Sur le terrain, le RSS dispose de cellules qui encadrent, à l’échelle du quartier ou du village, les activités physiques et idéologiques des militants. Il quadrille, de la sorte, une majeure partie du territoire indien. Ayant, de surcroît, essaimé dans de nombreux secteurs, il chapeaute un vaste réseau d’organisations spécialisées, qui interviennent dans les champs social, économique et religieux. Sa branche religieuse – le VHP (Vishwa Hindu Parishad, Association hindoue universelle) – est aussi celle qui affiche les tendances les plus extrémistes et violentes.

Les années de gouvernement Modi sont marquées par un intense activisme nationaliste hindou. La liberté d’opinion et la propension au débat, si chères à la tradition intellectuelle indienne, ont fait les frais d’un chauvinisme culturel pro-hindou, aussi sourcilleux qu’intolérant. Ceux qui ont voulu dénoncer le gouvernement ou l’idéologie de l’hindutva ont fait l’objet d’intimidation, voire de représailles. Certains ont même été accusés de colporter des idées antinationales et menacés d’être inculpés pour comportement séditieux. (Source : Vie Publique)

Le 7 décembre 2022, Courrier International titrait "La soumission des médias indiens", concernant l’édition de décembre du magazine “The Caravan”  (mensuel indien) consacrant sa couverture à la mise au pas, par les nationalistes hindous, du groupe de médias India Today Group, qui possède plusieurs titres et chaînes de télévision. On y voit une fausse une du célèbre hebdomadaire India Today sur laquelle figure le Premier ministre indien, Narendra Modi, tenant ce même numéro d’India Today, sur lequel il est représenté.

Dans son article, le magazine revient sur la placardisation d’une journaliste de la chaîne India Today. Cette dernière avait dénoncé en 2020 les agissements de la police de l’Uttar Pradesh, État le plus peuplé de l’Inde, dirigé par Yogi Adityanath, un extrémiste hindou issu des rangs du BJP. À l’époque, des policiers avaient procédé à la crémation d’une victime de viol, en pleine nuit, sans l’accord de sa famille.

Liberté de la presse

Un autre article traite de l’influence des conglomérats indiens qui “corrompent le paysage médiatique indien”, notamment l’O. P. A. hostile lancée à la fin du mois d’août par Gautam Adani, magnat indien jugé proche de Narendra Modi, sur New Delhi Television (NDTV). Ce groupe est considéré comme le dernier bastion de journalistes indépendants du pays. À la fin du mois de novembre, Radhika et Prannoy Roy, fondateurs et dirigeants du groupe, ont démissionné. Le présentateur vedette de NDTV India, Ravish Kumar, leur a emboîté le pas.

L'Inde n’a cessé de dégringoler dans le classement sur la liberté de la presse réalisé par l’ONG française Reporters sans frontières. Considérée comme la démocratie la plus peuplée du monde, est désormais 150ᵉ de ce classement sur 180 pays. 

Dimanche 11 Décembre 2022

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