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Société

MauBank : tragédie grecque pour une banque promise à un avenir radieux


Rédigé par E. Moris le Mercredi 10 Juillet 2019



L’ex-ministre des Finances Vishnu Lutchmeenaraidoo en compagnie de l'ex CEO Sridhar Nagarajan lors de l’inauguration officielle de la MauBank.
L’ex-ministre des Finances Vishnu Lutchmeenaraidoo en compagnie de l'ex CEO Sridhar Nagarajan lors de l’inauguration officielle de la MauBank.
Le jour de son lancement officiel, le 4 janvier 2016, le ministre des Finances d’alors, Vishnu Lutchmeenaraidoo, se félicitait de l’ingénieuse idée de fusionner deux banques de l’État et promettait un avenir des plus radieux pour la nouvelle institution.

Il trouvait même qu’elle allait devenir la deuxième banque commerciale du pays. Sauf que comme la plupart des diseurs de bonne aventure, Vishnu Lutchmeenaraidoo a eu tout faux ! 

La MauBank, a indiqué le Premier ministre mardi à l’Assemblée nationale, est destinée à être vendue. Comme la National Insurance Company et les Casinos de Maurice. Mais avant, il faudra, a souligné Pravind Jugnauth, les remettre sur pied et les rendre attrayantes. Sauf que cela n’est pas gagné, surtout quand on réalise que cela fait un moment que l’État souhaite se débarrasser des Casinos de Maurice. 

Toutes les tentatives entreprises ont toujours échoué ! D’une part, parce  qu’en l’État, les preneurs ne se bousculent pas au portillon. Mais plus important, c’est que les employés posent problème.

Actuellement, les Casinos de Maurice sont considérés comme un corps paraétatique. Ce qui fait que les employés ont une série de facilités qu’une entreprise privée ne voudra renouveler, sous peine de faire faillite. De plus, toute nouvelle direction va vouloir licencier, dégraisser le mammouth engourdi par les petits protégés que ministres et autres députés y ont casés.

Les casinos de l’État sont les seules maisons des jeux à perdre de l’argent, avait bien judicieusement trouvé sir Anerood Jugnauth. 

Mais revenons à la MauBank. Elle a été engendrée par la fusion entre la Mauritius Post and Cooperative Bank et la National Commercial Bank, elle-même née des cendres de la Bramer Bank que l’État, tel Néron, avait incendié. Donc, trouvant difficile de mettre de l’argent dans deux institutions bancaires, il a donc été décidé de fusionner les deux et de regrouper leurs activités.

Avant même qu’elle ne voie le jour, la MauBank avait reçu Rs 3,2 milliards de l’État. Le gouverneur de la Banque centrale de l’époque, Ramesh Basant Roi, voulait s’arracher les cheveux. « On ne peut injecter de l’argent des contribuables à tout va… à cause des erreurs des CEO et autres dirigeants d’institutions financières », déclarait-il à l’époque. 

N’empêche que MauBank, forte de l’argent public, pouvait démarrer ses activités avec 36 succursales, 40 ATM, un dépôt de Rs 30 milliards, des actifs d’une valeur de Rs 33 milliards et surtout des ambitions très grandes. 

Si pendant sa première année d’opération, la banque a enregistré des grosses pertes (Rs 1,6 milliard avant impôts), la deuxième a été plus bonne… ou moins mauvaise, avec des pertes de Rs 326 millions seulement avant impôts.

Ce qui a permis au CEO, Sridhar Nagarajan, de squatter les pages économiques des importants quotidiens du pays et d’évoquer l’ouverture du capital et le remboursement des prêts du gouvernement. Mais peu après, il prenait la porte de sortie. Et parallèlement, la chance a tourné pour la MauBank, allant de Rs 42 millions pour le second semestre de 2017 jusqu’à des projections de Rs 207 millions de pertes pour l’année se terminant au 30 juin 2019. De plus, les projections ne sont guère optimistes. La banque fera des pertes en 2019-2020 et ne renouera avec les profits qu’en 2020-2021. 

Et c’est là que la question se pose : qui va acheter une banque avec une santé financière précaire ? Et s’il trouve preneur, combien l’État pourra espérer en recevoir ? D’ailleurs, la somme réclamée est l’un des facteurs, selon les bruits de couloir, qui ont fait capoter les négociations avec le groupe indien Hinduja. 

Peut-être que le visionnaire est Ivan Collendavelloo qui, en réponse au même Reza Uteem le 18 juillet 2018, avait laissé entendre que le gouvernement n’entendait pas vendre ses parts dans la MauBank. 

Enfin, espérons pour le gouvernement qu’il ne se retrouve pas avec un gros bébé encombrant dont personne ne veut et pour qui il devra continuer à remplir le biberon à coups de millions.

Mercredi 10 Juillet 2019

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