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Société

La lettre du Bar Council adressée à la cheffe juge Rehana Mungly-Gulbul reste dans un tiroir


Rédigé par E. Moris le Lundi 15 Mai 2023

Depuis mars, le Bar Council a envoyé une correspondance à la cheffe juge Rehana Mungly-Gulbul en vue d’avoir une rencontre. Cela, suite aux publications sur la page Facebook de Sun TV News sur certains membres du judiciaire. Deux mois après, l’ordre des avocats attend toujours une réponse alors que les attaques contre les membres de la profession, souligne-t-on, perdurent.



Un malaise grandissant au sein du judiciare. Dès le 23 mars, La Rédaction de Zinfos Moris avait pointé du doigt les raisons de l'immobilisme de la chef juge Rehana Mungly-Gulbul à la suite des attaques répétées par le Premier ministre mais aussi sur les réseaux sociaux par des plateformes gérées par des proches du pouvoir.

S'il a fallut de la part de présidente du Bar council, trois semaines pour réunir ses membres lors d'une assemblée générale spéciale, Priscilla Balgobin-Bhoyrul, a aussi déclaré qu'une lettre a été adressée au président de la République Pradeep Roopun et une autre à la Cheffe Rehana Mungly-Gulbul, qui sont en mesure d’intervenir. Car, il y a justement la séparation des pouvoirs.

Mais ce qui interpelle, c'est l'immobilisme de la chef juge Rehana Mungly-Gulbul. Si celui de Roopen est sans surprise, le silence de la première femme à accéder à la fonction de chef juge dérange à plus d'un titre. La lettre du Bar Council adressée à la cheffe juge, en mars, condamnait les attaques contre des avocats du privé, ceux du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), le DPP Rashid Ahmine lui-même, une magistrate et l’ex-chef juge Eddy Balancy. L’ordre des avocats se référait probablement aux propos qui auraient été tenus par Pravind Jugnauth où il s’en prenait à la magistrate Jade Ngan Chai King, qualifiant son jugement de «bancal». Ayant des pouvoirs limités, le Bar Council s’attendait à ce que la cheffe du judiciaire prenne position. Or, deux mois après, il est toujours dans l’attente d’une communication ou d’une rencontre. Pourtant, soulignent des avocats, les membres de la profession se font régulièrement attaquer sur des réseaux sociaux et il n’y a toujours pas de sanctions.

Outre à la cheffe juge, le Bar Council a aussi écrit au président de la République, Pradeep Roopun. Une deuxième lettre qui demeure sans réponse jusqu’ici. Pourtant, la Constitution a été amendée en 2003 pour donner plus de pouvoirs au président de la République pour défendre l’État de droit. Pour rappel, dans le cadre de la libération de l’activiste Bruneau Laurette, la page Facebook de Sun TV avait publié des attaques contre Jade Ngan Chai King, Eddy Balancy, Shakeel Mohamed et Rashid Amine. Ce dernier a même déposé une plainte contre Sun TV. Le Bar Council s’était alors réuni pour dénoncer ces agissements qu’il qualifie de désordre institutionnel.

Rappelons par ailleurs, que l'époux de Raouf Gulbul est l'avocat attitré de Pravind Jugnauth mais aussi un ancien candidat pour le MSM. Les choses sont d'autant plus compliquées, que l'ex chef juge Lam Shang Leen avait eu la tête des membres du gouvernement. Suite au rapport Lam Shang Leen sur la commission d’enquête sur la drogue, Sanjeev Teeluckdharry le Deputy Speaker avait démissionné ainsi que l'ancienne ministre Roubina Jadoo-Jaunbocus du gouvernement. Le nombre de visites effectuées par Roubina Jadoo-Jaunbocus aux trafiquants de drogue en prison avait aussi attisé la curiosité de Paul Lam Shang Leen et ses deux assesseurs. Elle a rendu visite à 37 détenus en un jour. De quoi interpeller plus d'un.

L’homme de loi, Me Raouf Gulbul, s’était lui aussi retrouvé devant la commission suivant une série de dénonciations à son encontre. Des dénonciations qui ont poussé Raouf Gulbul à démissionner de la Gambling Ragulatory Authority et de la Law Reform Commission. Les deux personnalités épinglées par la Commission d'enquête sur la drogue et interrogées par Paul Lam Shang, sont des proches du Premier ministre Pravind Jugnauth mais aussi de l'ex ministre Showkutally Soodhun.

Raouf Gulbul n'avait pas convaincu sur ses liens avec des accusés qui purgent des peines de prison pour blanchiment d'argent ou de drogue et encore moins pour ses transactions financières douteuses. Des transactions qui ne figurent pas sur son compte à la Barclays Bank et des revenus non déclarés à la Maurtius Revenue Authority (MRA). 

Me. Raouf Gulbul a représenté le Premier ministre dans l'affaire Medpoint et Showkutally Soodhun dans l'affaire de propos incitant à "tuer" Xavier Duval, leader de l'opposition. Qui est selon lui son "Jihaad". Le prédicateur radical musulman Javed Meetoo, qui n'a jamais caché faire partie de l'organisation terroriste de Daesh, est également représenté Me. Raouf Gulbul. Rappelons que Javed Meetoo n’est pas un inconnu de la police. Il serait le leader d’un réseau qui aurait encouragé des Mauriciens à se rendre en Syrie et en Irak pour se battre aux côtés du groupe État islamique. Il a également été interrogé dans le cadre des coups de feu sur l’ambassade française à Maurice en 2016.

Son nom a souvent été associé au trafic de drogue. Il a été arrêté à plusieurs reprises. Pour des affaires liées à la drogue certes… mais pas que ! Cependant, il a toujours réussi à s’en sortir. Le patron de Khalil Spare Parts a été arrêté dans le cadre de l’enquête sur l’affaire Franklin. Khalil Ramoly n’est autre que le propriétaire présumé de la BMW M8 saisie vendredi dernier. L’ironie, c’est que Khalil Ramoly ait débarqué à l’Icac aux côtés de Me Raouf Gulbul et de Rishi Hurdoyal. Les noms de Raoulf Gulbul et de Khalil Ramoly ont été cités côte à côte dans le rapport Lam Shang Leen. Ramoly possède un garage, un magasin vendant des pièces de rechanges pour voiture mais aussi une flotte de véhicules qu'il loue. Il a déjà été pour avoir loué une berline à un gardien de prison qui a, par coïncidence, accordé certaines facilités au trafiquant de drogue Siddick Islam, en détention à la prison de Melrose.

Dans le rapport Lam Shang Leen, il est indiqué que Khalil Ramoly aurait mis des véhicules à la disposition de Raouf Gulbul lors de la campagne électorale de 2014. Dans un affidavit, l’avocat Gulbul a déclaré que cela est faux et que Khalil Ramoly n’a jamais été condamné pour trafic de drogue. Rappelons que le nom de Khalil Ramoly est cité dans le cas de l’ancien chef inspecteur Assad Rujub. Ce dernier, qui dirigeait une unité de la brigade antidrogue, aurait assisté au mariage d’une des filles de l’homme d’affaires où il y avait aussi une pléiade de caïds en tous genres. Voir Raouf Gulbul à ses côtés dans l'affaire Franklin, est troublant. Et dire que Pravind Jugnauth reprochait à Shakeel Mohamed d'être l'avocat de Bruneau Laurette sous prétexte de fallacieux de protéger les barons de la drogue ! 



 

Lundi 15 Mai 2023

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