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Edito de Moris

L'écologie politique à Maurice, un échec programmé


Rédigé par E. Moris le Lundi 13 Août 2018



L'écologie politique à Maurice, un échec programmé
Il avait été le premier, il y a 20 ans, à vouloir supprimer les sacs plastiques en caisse des supermarchés. Aujourd'hui son combat continue. Le grand patron de la chaîne des supermarchés, Michel-Édouard Leclerc a décidé d'élaborer un plan de bataille contre les déchets plastiques et ainsi d'"anticiper la loi" sur la consommation et l'utilisation des objets polluants. 

C'est la bataille d'une vision écologique, le matériaux honni sera ainsi remplacés par d'autres plus "durables" tels que le carton ou le bambou. 

Pas très loin de chez nous, à Rodrigues, ils n'ont pas attendu pour donner l'exemple d'une île eco-responsable. Les sacs en plastique sont bannis, la pêche est maîtrisée et il existe une qualité de vie appréciable qui se fait rare.  

De son côté, avec le décalage qu'on doit reconnaître avec ce gouvernement, Ashit Gungah, le ministre de l’Industrie et du Commerce lors d'une inauguration de station service de la compagnie IndianOil dimanche, en a profité pour insister sur l'augmentation de notre capacité de stockage de produits pétroliers. 

Concernant le projet petroleum hub, à Albion vivement contesté par les mouvements écologistes et les associations citoyennes, au dire du ministre, «nou péna choix», Maurice doit suivre le pas des Seychelles qui possède déjà sa propre réserve de pétrole.

Quelques jours plus tôt, Le Kolektif Ekolozik d’Albion et son président Jean José Bax ont revendiqué une campagne d'informations pour alerter l'opinion publique sur la menace d'un tel projet.

Si la campagne ne mobilise pas et ne suscite pas encore un élan citoyen de grande envergure, il faut dire que la communication à la GreenPeace est un fiasco. Une banderole et un message qui peut rappeler ceux des actes de menaces liés au terrorisme, ce n'est pas de très bon goût. 

Et pourtant ce qui se trame à Albion, devrait nous interpeller en tant que citoyen. Après l'inauguration de la Mauritius Oceanography Institute à Albion, un institut océanographique financé par l'Inde à hauteur de plusieurs millions de roupies et inauguré par le ministre de la Pêche et de l’économie océanique, Prem Koonjoo.  

Le parc marin de Albion va se retrouver dans un port pétrolier ! 

Le projet sera entrepris par la State Trading Corporation en partenariat avec deux sociétés indiennes, à savoir Indian Oil Corporation Limited et Mangalore Refinery and Petrochemicals Ltd. IndianOil Mauritius Ltd envisage également de construire une jetée pouvant accueillir de gros tankers. Le but est de faire du pays un "Petroleum Hub " avec l'aide des indiens afin d'exporter des produits pétroliers vers les pays de l’Afrique de l’Est et de la région à des prix compétitifs.

On n'a peut-être pas trouvé l'or mais on a de la suite dans les idées pour valider et développer de tel projet sur une île qui a tout de même signée les accord de Paris et participé à la Cop21.   

À tous les détracteurs qui s'indignent contre l'omniprésence de l'Inde sur terre comme sur mer, on s'amuse à brandir l'inébranlable esprit de communautarisme et le "India Bashing" faute d'arguments solides. 

En 2008, le gouvernement était venu de l’avant avec le concept Maurice Île Durable (MID), un projet visionnaire visant à prôner le développement durable. 

Malheureusement on se retrouve dix ans après, dans une situation d'échec, avec des actions menées sur le terrain par le gouvernement, couplées à son inaction qui dans certains cas, reflètent de grandes contradictions qui empêchent le pays d’aller vers la durabilité.

Nous n’avons pas fait le choix de protéger notre environnement, mais plutôt celui de générer la croissance et l’investissement étranger, avec de belles phrases concernant la protection de l’environnement. À ce jour, les autorités n’ont pas un système de gestion efficace de nos déchets. Pour exemple, le dépotoir de Mare Chicose ou à la Chaumière sont des bombes écologiques à ciel ouvert. À chaque incendie, on évoque les problèmes de santé occasionnés auprès des habitants des environs et les défaillances de sécurité entourant ces lieux.

Il n'y aucune méthode qui marche malgré des initiatives à petite échelle. Le recyclage, tri sélectif ou l'énergie recyclage tâtonnent, alors que des budgets conséquents ont été voté depuis plus d'une décennie et des centaines de millions de taxes environnementales sont perçues annuellement.

En 2018, ne pas avoir pu mettre en place le tri sélectif est un échec. Il faudrait responsabiliser la population, lui expliquer pourquoi il faut faire l’effort de trier. Mais on ne peut pas demander aux gens de trier et ne pas leur donner les structures pour le faire. Il faudrait une réelle volonté politique et des aides publiques.

Le changement climatique accélère les conséquences dramatiques dont nous devrons faire face. Cette réalité nous rattrapera tôt ou tard. Installé un petrolum hub à côté d'un village côtier et un parc marin est l'absurdité de trop !

Lundi 13 Août 2018

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