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Justice

L'affaire L'Amicale, une tragédie nationale


Rédigé par E. Moris le Jeudi 23 Août 2018

Les quatre condamnés de l’affaire l’Amicale ont été libérés ce jeudi 23 août.



Sheik Imram Sumodhee, Khaleeloudeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keramuth et Muhammad Shafiq Nawoor, avaient été condamnés à la prison à vie en novembre 2010.

Ils avaient été trouvés coupables d'avoir mis le feu à la maison de jeu, l'Amicale, à Port-Louis, le 23 mai 1999.

L’incendie avait coûté la vie à sept personnes dont une femme enceinte et un enfant.

Yeh Ling Lai Yau Tim (35 ans), et ses deux filles, Catherine (6 ans), Eugénie Louise (2 ans), ainsi que Jean-Noël Law Wing (34 ans), Mohamed Fawzee Abdool Hakim (42 ans) et Babooram Luckoo (69 ans) et Jeanette Ramboro (26 ans), qui attendait un bébé.

Chronologie du dimanche 23 mai 1999, jour du drame.

A 17h, le match de football entre la Fire Brigade [1-0] sur le Scouts Club, au stade Anjalay, Belle Vue, prend fin. La rencontre a été marquée par des incidents dans les gradins mais aussi dans la capitale. Les bureaux de la Mauritius Football Associations, le bâtiment Emmanuel Anquetil, le poste de police de la rue Pope Hennessy sont vandalisés. 

Aux environs de 19h, L’Amicale, une maison de jeux est la proie des flammes. Les pompiers maîtrisent l’incendie après plusieurs heures de lutte.

Macabre découverte lorsqu'on découvre sept personnes corps calcinés dans les décombres.

En signe de colère, d'indignation, de solidarité et de deuil, des centaines voir des milliers de mauriciens descendent dans la rue et organisent une marche silencieuse.

Le 20 novembre 2000, après plusieurs interpellations et des enquêtes préliminaires, Sheik Imram Sumodhee, Khaleeloudeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keeramuth et Muhammad Shafiq Nawoor seront arrêtés et condamnés par le juge Paul Lam Shang Leen lors de son verdict.

Les quatre accusés sont condamnés à vie (la prison à vie à l’époque équivalait à 45 ans de prison). 


Une longue bataille judiciaire

Les quatre condamnés n’ont jamais cessé de clamer leur innocence dans cette affaire. Malgré des demandes pour rouvrir l'enquête, l’appel des quatre prisonniers sera rejeté. 

En octobre 2015, la Commission de pourvoi en grâce avait commué leur condamnation à la prison à vie en une peine de 18 ans de prison.

Ils devaient être libérés en mars 2019. Dans une correspondance adressée au Premier ministre, Pravind Jugnauth en janvier 2018, leur avocat, Maitre Rama Valayden avait évoqué une erreur de calcul dans le nombre de jours de leur détention. Cette demande a ainsi été acceptée par les autorités.

Le commissaire des prisons, Vinod Appadoo, a pour sa part donner sa version concernant la décision de relâcher les « quatre de l’Amicale ».

Il n'a pas hésité à s'en prendre à Me Rama Valayden, qui avait toujours parlé d’erreur en ce qui concerne la date à laquelle les prisonniers devaient être relâchés.

Pour Vinod Appadoo, il n’y a eu « aucune erreur de la part de l’administration de la prison. C’est Me Valayden qui est en erreur. »

C'est selon lui, la suite tout simplement de la nouvelle loi proclamée le 27 juin, Judicial & Legal Provisions Act qui a aidé le dossier de 67 prisonniers de bénéficier de cette mesure.

La Commission de pourvoi en grâce a accédé à ce que 10 de ces prisonniers soient libérés, y compris les quatre condamnés dans l'affaire l’Amicale. 

La réaction du président de la République par intérim, Barlen Vyapooree en dit long sur ce drame. 

Il estime que les condamnés de l’Amicale ont payé pour leur faute et ont passé suffisamment de temps en prison. 

Malgré l'innocence proclamée par les ex détenus et la conviction que les vrais coupables n'ont pas été arrêté, l'état campe sur ses convictions : L'affaire l'Amicale est classée puisque les coupables ont payé pour leur faute.

Difficile même après presque 20 ans de tourner la page sur un drame qui aura marqué plus d'une génération, tant il existe des zones d'ombre dans le dossier.



 

Jeudi 23 Août 2018

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