Avez-vous vu comment le peuple mauricien s’est levé ? Avez-vous vu cet élan national, qui n’a attendu aucun mot d’ordre de vos rangs, pour agir ? Avez-vous vu ce peuple indépendant qui se prend en main lorsque ses dirigeants sont dans le déni ou s’abritent derrière des rapports d’experts ? Avez-vous vu ces cheveux offerts pour fabriquer des barrages absorbants, ces bouts de Mauriciens, toutes générations confondues, de toutes les ethnies, comme réponse à cette marée destructrice ? Avez-vous vu tous ces jeunes qui ont pris les clés de leur présent, à genoux, pour confectionner ce qui, avec efficacité, retient encore cette masse noire, gluante, nauséabonde ?
Vous avez probablement dû entrevoir tout ceci, avec votre myriade de conseillers, vos soutiens (aujourd’hui) indéfectibles - cette cour qui se bouscule pour être derrière vous quand s’attarde une caméra, un appareil photo.
Avez-vous vu cette presse indépendante - oui indépendante, que vous le vouliez ou non - qui a montré sans trembler ce qui se passait ? Ces journalistes qui continuent à alerter sur place, quitte à mettre leur santé en danger, au nom du droit de savoir ? Ces images reprises par le monde entier ?
Oh, comme « SUS-island » et « COVID-free island » semblent être des slogans bien creux aujourd’hui face à ce monstre qui souille ce que les générations précédentes nous ont confié.
Et quel constat, Monsieur le Premier ministre, pour ceux qui nous observent ! Voir que n’importe quoi, quel que soit son contenu, peut venir s’échouer contre les récifs du pays. Voir que notre territoire marin est en fait une véritable passoire !
Vous aurez beau dire que c’est triste. Vous aurez beau nous demander de prier. Mais, voyez-vous, Monsieur, vous vous êtes rendu inaudible.
Est-ce que dans votre entourage, quelqu’un a osé vous dire qu’il faudrait exprimer des regrets, présenter des excuses au peuple mauricien, au nom de votre gouvernement ? Qu’il faut reconnaître face à cette Nation que vous avez pris l’engagement de servir, que vous n’avez pas pris les décisions qu’il fallait ? Saurez-vous dire qu'il fallait solliciter l’aide internationale plus tôt et ne pas avoir honte de reconnaître que Maurice est techniquement démunie face aux risques de marée noire ?
Ne serait-ce pas nécessaire aujourd’hui d’être à nouveau crédible aux yeux de tous, ne serait-ce que pour affronter ces litres hydrocarbures qui se déversent sans vous demander la permission ? Ne serait-ce pas le moment de l'humilité, d'une parole qui touche les Mauriciens au cœur.
Monsieur le Premier ministre, n’est-ce pas l'heure d'admettre qu'avec le Pouvoir que vous dites détenir, vous avez surtout, vis-à-vis de nous, un Devoir ?
Après avoir dirigé la rédaction de Radio One, Jean-Luc Mootoosamy a géré des programmes médias dans des zones de conflits. En novembre 2017, il lance « Media Expertise », cabinet de consultants pour accompagner des médias indépendants. Il a exercé comme consultant pour, entre autres, CFI, l’Agence Française de Développement et l’Organisation Internationale pour les Migrations.
Texte publié dans le "Club Mediapart".
Vous avez probablement dû entrevoir tout ceci, avec votre myriade de conseillers, vos soutiens (aujourd’hui) indéfectibles - cette cour qui se bouscule pour être derrière vous quand s’attarde une caméra, un appareil photo.
Avez-vous vu cette presse indépendante - oui indépendante, que vous le vouliez ou non - qui a montré sans trembler ce qui se passait ? Ces journalistes qui continuent à alerter sur place, quitte à mettre leur santé en danger, au nom du droit de savoir ? Ces images reprises par le monde entier ?
Oh, comme « SUS-island » et « COVID-free island » semblent être des slogans bien creux aujourd’hui face à ce monstre qui souille ce que les générations précédentes nous ont confié.
Et quel constat, Monsieur le Premier ministre, pour ceux qui nous observent ! Voir que n’importe quoi, quel que soit son contenu, peut venir s’échouer contre les récifs du pays. Voir que notre territoire marin est en fait une véritable passoire !
Vous aurez beau dire que c’est triste. Vous aurez beau nous demander de prier. Mais, voyez-vous, Monsieur, vous vous êtes rendu inaudible.
Est-ce que dans votre entourage, quelqu’un a osé vous dire qu’il faudrait exprimer des regrets, présenter des excuses au peuple mauricien, au nom de votre gouvernement ? Qu’il faut reconnaître face à cette Nation que vous avez pris l’engagement de servir, que vous n’avez pas pris les décisions qu’il fallait ? Saurez-vous dire qu'il fallait solliciter l’aide internationale plus tôt et ne pas avoir honte de reconnaître que Maurice est techniquement démunie face aux risques de marée noire ?
Ne serait-ce pas nécessaire aujourd’hui d’être à nouveau crédible aux yeux de tous, ne serait-ce que pour affronter ces litres hydrocarbures qui se déversent sans vous demander la permission ? Ne serait-ce pas le moment de l'humilité, d'une parole qui touche les Mauriciens au cœur.
Monsieur le Premier ministre, n’est-ce pas l'heure d'admettre qu'avec le Pouvoir que vous dites détenir, vous avez surtout, vis-à-vis de nous, un Devoir ?
Après avoir dirigé la rédaction de Radio One, Jean-Luc Mootoosamy a géré des programmes médias dans des zones de conflits. En novembre 2017, il lance « Media Expertise », cabinet de consultants pour accompagner des médias indépendants. Il a exercé comme consultant pour, entre autres, CFI, l’Agence Française de Développement et l’Organisation Internationale pour les Migrations.
Texte publié dans le "Club Mediapart".