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Société

« Feel-good factor » : En décembre Dip reçoit une médaille de la République et junior sa grâce présidentielle


Rédigé par E. Moris le Dimanche 8 Janvier 2023



Faire l'actualité pour de mauvaises raisons semble être une histoire de famille. Le 12 mars de l'année dernière, en pleine tourmente après la diffusion des vidéos accablantes des brutalités policières, le commissaire de police était sur la liste des décorés à l’occasion de la célébration de l’indépendance de la République de Maurice. C'est donc au Château de Réduit, que le 2 décembre 2022, lors d'une pompeuse cérémonie de remise des prix, en présence de son patron, Pravind Jugnauth et du président Roopun ainsi que d'autres personnalités, que Anil Kumar Dip s'est vu remettre sa petite médaille.

Avec une certaine ironie, Dip junior, condamné à 12 mois de prison, a vu sa peine commuée en une amende de Rs 100 000, alors qu'il contestait toujours sa condamnation devant la justice. Il peut remercier l'étoile mais aussi et surtout son père, le commissaire de police ! Cela en dit long sur les ramifications au pouvoir. Dans le cas de Chandra Prakash Dip, ce n'est pas tant l'octroi de la grâce présidentielle obtenue le 20 décembre dernier qui pose problème , mais la rapidité avec laquelle elle a été obtenue et la rapidité avec laquelle le cas a été traité. On a presque l'impression que tout a été fait pour éviter la prison au rejeton d'Anil Kumar Dip.

Rappelons que le 18 novembre 2022, la cour suprême a rejeté la demande de Chandra Prakash Dip de saisir le Conseil privé pour contester sa condamnation. La cheffe juge Rehana Mungly-Gulbul et la juge Aruna Narain ont estimé qu'une affaire doit satisfaire certains critères pour pourvoir être référée au Conseil privé. Ce qui n'était pas le cas. En fait, Chandra Prakash Dip n'est qu'un délinquant, un récidiviste à col blanc qui a la chance d'avoir un papa haut gradé dans la police. D'ailleurs, le papa lui-même avait dû passer une nuit en cellule pour une histoire qui a été réglée entretemps. Anil Kumar Dip, entré comme simple constable, a gravi les échelons pour arriver jusqu’au sommet. Il est vrai qu’il a été muté à plusieurs reprises, ce qui fait qu’il connait à peu près toutes les unités de la police. 

Mais Anil Kumar Dip a une autre particularité. Il est le premier commissaire de police à avoir connu une cellule de police… de l’intérieur. Il y a été détenu pendant au moins une nuit. C’était en 2013. Il avait d’ailleurs initié des poursuites contre la police et l’État. Il réclamait Rs 50 millions de dommages. Il avait initié cette action après que les charges provisoires logées contre lui, dans le cadre de l’enquête sur un détournement allégué de Rs 80 millions au préjudice de la défunte Bramer Bank, aient été rayées. Il affirmait que son arrestation le 4 décembre était abusive, tout comme son inculpation subséquente. 

Le fils Dip, donc, avait été condamné à 12 mois de prison par la cour intermédiaire après avoir été coupable de complot dans le cas d'un détournement de plusieurs millions de roupies au détriment de la Barclays Bank. Il n'a jamais pu faire casser ce jugement. Suite à la décision de la cour suprême, Chandra Prakash Dip a informé la cheffe juge qu'il allait saisir directement le Privy Council. Il a ainsi fait une demande pour le gel de sa condamnation. Demande agréée. 

Mais entretemps, Chandra Prakash Dip, le récidiviste, a fait déposer un dossier pour obtenir la grâce présidentielle. Encore une fois, c'est la promptitude avec laquelle ce dossier a été traité qui pose problème. En à peine un mois, le cas a été traité. Certes, certains diront que 24 personnes ont bénéficié de la grâce présidentielle, dont Chandra Prakash Dip. Mais il faut vraiment être fort pour nous faire avaler que la commission de pourvoi en grâce, qui est plutôt tortue, a pu travailler à vitesse de lièvre lorsque c'était nécessaire. En règle générale, une personne purge sa peine pendant que la commission de pourvoir en grâce examine son dossier. Et en cas de recommandation positive, le reste de la sentence est annulé. Or, dans ce cas, tout a été fait pour que Dip évite la prison. 

Avec cette décision, est-que Keshoe Parsad Matadeen, le président de la Commission de pourvoir en grâce, n'a-t-il pas réalisé que c'est, d'une certaine façon, bafouer la justice que d'empêcher Chandra Kumar Dip ne serait-ce qu'une nuit en prison ? En tous cas, dans l'affaire, Dip a sauvé son fils. Le PM a fait plaisir à son lieutenant. Il reste le mystère sur la liste des 24 personnes graciées. Linion Pep Morisien a évoqué la possibilité qu'un ministre ferait partie de cette liste. 

Dimanche 8 Janvier 2023


1.Posté par Caro le 08/01/2023 11:25
À Maurice on félicite les truands et les lèche- bottes comme en Russie on décore les traîtres!

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