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Politique

Exclusif : Législatives : un «top journaliste» négocie un ticket avec le MSM


Rédigé par E. Moris le Mercredi 4 Juillet 2018

À 18 mois de la fin du mandat du gouvernement Lepep, en coulisses les tractations vont bon train en matière de candidats devant briguer les prochaines législatives, dont la tenue doit être fixée au plus tard vers la mi-mai 2020, selon les dispositions de la Constitution.



Navin Ramgoolam, l’adversaire direct de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre, multiplie les rencontres avec celles et ceux intéressés à se jeter dans l’arène. Très accessible à son bureau de la rue Desforges, le leader du PTr reçoit beaucoup, étudie les CV et profils afin de jauger de leur compatibilité avec les réalités électorales et ethniques des circonscriptions.

Avec chacun d’eux Navin Ramgoolam affiche la confiance en un retour au pouvoir, qui se traduit dans le ton de ses conférences de presse et allocutions publiques. Si bien que certains de ses proches collaborateurs commencent déjà à s’inquiéter de cette «confiance démesurée»

Non seulement Navin Ramgoolam aurait repris "certaines mauvaises habitudes relationnelles" qui lui ont valu une chute spectaculaire et inattendue aux législatives de 2014, mais en face de lui la majorité gouvernementale s’active dans un exercice d’équilibriste : empêcher à tout prix tout nouveau scandale et en même temps il faut défendre le bilan. Ce qui n’est pas une mince affaire, surtout avec les critiques, mèmes, photos et vidéos qui pullulent sur les réseaux sociaux contre le gouvernement Lepep.

La campagne a été lancée le 14 juin par Pravind Jugnauth avec un discours électoraliste du Budget, qui contient des mesures populaires qui n’ont rien à voir avec l’économie ni les finances. Par exemple, le montant de l’amende pour excès de vitesse. Un Budget qui a été suivi d’une levée de boucliers des syndicats, planteurs et politiciens contre les recommandations du Joint Technical Committee sur le sucre. 

Quelques jours plus tard Navin Ramgoolam en a même fait le thème principal de sa conférence de presse dans un discours de très haute facture, méticuleusement bien préparé à la virgule près. Pravind Jugnauth s’est alors empressé de rencontrer la communauté des planteurs. Il leur a donné jusqu’au 10 juillet pour lui soumettre des recommandations et souhaite «une situation où tout le monde en sortira gagnant».

Les enjeux des industries cannière et sucrière sont complexes, les profanes ne comprenant rien à tout ce charabia, très peu aidés par des journalistes qui ne comprennent encore moins l’urgence de la situation. Alors que pour les politiciens, la canne et le sucre concernent avant tout deux communautés : le secteur privé et les petits et moyens planteurs. La première veut bénéficier davantage, la seconde ne veut pas lâcher ses acquis. La première finance les partis politiques, la seconde peut faire basculer les élections dans le camp de Navin Ramgoolam ou dans celui de Pravind Jugnauth dans les circonscriptions rurales. 

Les enjeux sont avant tout électoraux. Le présent gouvernement n’arrive plus depuis longtemps à gouverner au milieu de scandales qui s’accumulent. Alors comment faire maintenant et qui pour défendre le bilan ? À l’Assemblée nationale, certains ministres n’arrivent même pas à répondre en anglais aux questions, quand d’autres députés viennent pour dormir ou dire des bêtises en noeud papillon ou encore «jouer avec son corps». Ils ne sont pas aidés non plus des «conseillers gopias», de l’aveu même de la Speaker.

Le MSM s’est toujours entouré de journalistes comme conseillers officiels ou officieux : Dev Beekharry, Sunil Gopal, Subash Gobine, et récemment Raj Meetarbhan et Rudy Veeramundar. La liste est non-exhaustive.

Il se trouve qu’un «top journaliste», très influent et populaire, aurait rencontré Pravind Jugnauth dans le but de négocier une investiture MSM aux prochaines législatives. Pour l’heure, il sera candidat soit au no 10 (Montagne-Blanche-GRSE), soit au no 15 (La-Caverne-Phoenix) ; la seconde option est moins plausible, même s’il habite la région. 

D’ici là ce «top journaliste» se démène comme un beau diable sur tous les fronts, le silence radio il ne connaît pas ! Des propos élogieux sur le Budget, il veut une autre approche du traitement de l’information, faire la pédagogie sur les enjeux et perspectives de l’économie et de la société. Il fait des interventions sur les matchs de la Coupe du monde. Il intervient pour empêcher des drames humains. Il a même commencé à prendre la parole en public pour faire la morale à la jeunesse mauricienne.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce «top journaliste» aurait eu la bénédiction de son patron, arriviste notoire en matière de relations avec les politiciens quand il y va de ses intérêts financiers.

Mercredi 4 Juillet 2018

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