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Opinion

[Billet d'humeur] Rien n’empêchait Pravind Jugnauth de faire partie du voyage aux Chagos !


Rédigé par E. Moris le Samedi 12 Février 2022



L’étude scientifique entreprise par Maurice aux Chagos pourrait être perçue comme une « mission de provocation » de plus. Pravind Jugnauth a le chic de se fâcher avec tout le monde. Le gouvernement britannique a dénoncé une visite écologique de l'île Maurice dans les îles Chagos, revendiquées par Port Louis, comme un coup politique visant à faire valoir sa souveraineté.

Le Premier ministre n'a jamais caché sa hargne contre les britanniques et les américains sur la cause chagossienne, quitte à faire fi de toute diplomatie. " Non seulement l'Angleterre a fait un crime, mais il perpétue le crime". Et que pour lui malgré les menaces et les coups bas, le voyage sur l’archipel aura bel et bien lieu. C'était le 3 novembre 2020. Pravind Jugnauth a aussi révélé qu’à l’annonce du voyage aux Chagos, les Américains l’ont mis en garde, «an dot mo pou koul nou bato avan mem ki nou ariv pre laba». 

La reconquête du territoire c'est son cheval de bataille, quitte à déraper diplomatiquement. Pravind Jugnauth avait indiqué qu'a la suite du naufrage du vraquier japonais Wakashio et de la marée qui s'en est suivie dans les lagons de l'île Maurice, le pays n'aurait pas reçu d’aide des Américains pour gérer la crise. Le chef du gouvernement a reproché implicitement les Etats-Unis, qui ont une base à Diego Garcia de ne pas avoir levé «enn ledwa pou ed nou». Ce qui s'est révélé totalement faux.

Certes, on peut ne pas comprendre l’objectif de ce voyage et déplorer le manque d’informations cohérentes. On peut aussi comme beaucoup critiquer le fait que c’est un yacht de luxe qui a été choisi pour permettre à Jagdish Koonjul et sa délégation d’aller faire une croisière sur les îles Chagos. Néanmoins, il faut comprendre que Koonjul, habitué aux bureaux feutrés de New York, se seraient senti comme un alien sur le Barracuda par exemple. 

Enfin, s’il y a des journalistes américains et britanniques au sein de la délégation, on n’allait pas prendre un rafiot. Surtout que la présence de journalistes américains et britanniques est primordiale sur le Bleu de Nîmes. C’est la seule raison qui empêcherait l’Oncle Sam et son cousin Boris de bombarder le navire, qu’il soit luxueux ou pas. La présence de journalistes mauriciens uniquement n’aurait pu empêcher un drone de cibler le navire. Mais comment expliquer à leur population que des journalistes de leur pays ont été transformés en festins pour requins ?

Pravind Jugnauth a indiqué qu’il va rester loin du Bleu de Nîmes. Il a évoqué l’argument de deux semaines loin des affaires. Pourtant, si le président des États-Unis peut diriger le pays depuis Air Force One, rien n’empêchait que Pravind Jugnauth en fasse de même depuis le Bleu de Nîmes. D’autant que le navire parait avoir plus d’équipement de télécommunication que le PMO.

Sur une note plus sérieuse,  les îles Chagos sont au centre d'un conflit qui dure depuis des décennies. En 2019, la Cour internationale de justice de La Haye a jugé à l'unanimité que le Royaume-Uni devait céder les îles à Maurice et la résolution a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies.  avocats feront le voyage de deux semaines vers l'île de Chagos.  

Pour Henry Smith, député conservateur de Crawley, « Il s'agit clairement d'une déclaration politique du gouvernement mauricien concernant ses revendications sur les Chagos et rien à voir avec la conservation ». Et Henry Smith d’ajouter que le bilan de Maurice en matière de conservation « est abyssal ». « L'année dernière, un pétrolier a déversé plus de 1 000 tonnes de pétrole au large de l'île Maurice et le gouvernement a été très lent à agir », a-t-il déclaré.  Quant à l’ONG Chagossien Voices, il a déclaré qu’il s'agit d'une « expédition vaniteuse au coût obscène, menée sans consultation appropriée de la communauté chagossienne ».

Samedi 12 Février 2022


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