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Opinion

[Billet d'humeur] Parlez lui du Wakashio, il vous parlera du Covid, parlez lui de Franklin, il vous parlera de Laurette


Rédigé par E. Moris le Mercredi 29 Mars 2023



Sa communication politique est bancale malgré tous les efforts de Lakwisin et son armada de conseillers. Depuis que papi est monté au ciel et ne peut plus jouer à la baby sitter, le fiston est en chute libre dans l'opinion publique.

Il a beau faire une tournée dans les 20 circonscriptions de l'île pour les 40 ans du MSM, inaugurer ponts, crèches et stations de métro, rien n'y fait. Ce n'est pas un hasard s'il n'a pas fait de conférence de presse depuis septembre 2022, où il avait pris un main plaisir à clouer au pilori, l'ancienne présidente de la république, Ameenah-Gurib-Fakim, en commentant le rapport de la commission d'enquête. Son ânonnement et ses petits rires niais, trahissent trop souvent sa nervosité. Un toc qu'il n'arrive pas à gommer.

Parlez lui de l'affaire Angus road il vous parlera du frère de Arvin Boolell. C'est l'une des caractéristiques de Pravind Jugnauth. Faire diversion. Lors d'une précédente séance parlementaire, Pravind Jugnauth a indiqué que son bureau a contacté l’Icac qui a répondu que l’enquête est en cours et que l’organisme ne pouvait révéler aucune information, selon la section 81(2) de la Prevention of Corruption Act. Une réponse commode que le Premier ministre, a répétée en deux occasions au Parlement. Arvin Boolell, alors ancien leader de l'opposition, avait tenté de tirer les vers du nez de Pravind Jugnauth et même de le pousser à répondre quelque chose. En vain ! 

Voyant que le chef du gouvernement refusait de fournir des détails sur l’évolution de l’enquête, Arvin Boolell a fait ressortir que Pravind Jugnauth ne fait pas honneur au poste de Premier ministre, et lui a demandé de démissionner. Piqué au vif, Pravind jugnauth est sortit de ses gonds pour faire une attaque personnelle, qualifiée d'indécente par Arvin Boolell. « Si je suis la logique du leader de l’opposition, laissez-moi vous rappeler l’affaire Sun Tan où l’on reprochait au DPP de conflits d’intérêts. Est-ce que le DPP aurait lui aussi dû step down ? », a répliqué Pravind Jugnauth. 

Tout en rappelant que le poste de directeur des Poursuites publiques (DPP) est un poste constitutionnel, Pravind Jugnauth a déclaré que les « standards » devraient davantage être appliqués. Reprenant la phrase de Badhain: « Il doit être plus que la femme de César dans ce cas », a avancé le chef du gouvernement. Un commentaire qui a provoqué une onde d'indignation du côté des membres de l’opposition. 

Une déposition à l’ICAC en 2011, qui n'a à ce jour, donnée aucune suite...Un terrain de 7 023 mètres carrés acheté à Angus Road, à Vacaos, au cours d’un deal entre deux personnes en Grande-Bretagne et transféré, bien des années plus tard, aux noms de deux des filles du Premier ministre. Mais l’affaire Angus Road n’est plus. Les morts ont le grand avantage de ne pas pouvoir parler… au tribunal il va sans dire. Cela ne veut pas dire qu’Alan Govinden aurait tout balancé sur la transaction d’Angus Road. Certainement pas ! De toute façon, s’il l’avait voulu, il l’aurait fait déjà. Mais Alan Govinden n’étant plus, Dieu ait pitié de son âme, seule la version de Pravind Jugnauth compte désormais. Ce n’est pas pour rien que les dictateurs éliminent un à un leurs anciens compagnons de route, ceux-là mêmes qui étaient leurs compagnons avant la prise du pouvoir, c’est-à-dire durant la période la plus cruciale. Ils veulent pouvoir remodeler l’histoire à leur goût. Par exemple, selon beaucoup, Mao voulait être le dernier de la campagne de la Longue marche à être en vie. Mais dans certains cas, le destin fait le boulot. Comme par enchantement !

Pravind Jugnauh devrait bannir la BBC. Crime de lèse-majesté ! Presque un régicide ! La journaliste de la BBC avait fait voir de toutes les couleurs au Premier ministre au mois d'août 2020. Lors de l’interview, Pravind Jugnauth s'est fait bousculer. La journaliste, en l’occurrence Samantha Simmonds, lui a dit que beaucoup lui font le reproche d’avoir trop tardé à réagir concernant la catastrophe écologique liée au naufrage du Wakashio et la mauvaise gestion du gouvernement.

Pravind Jugnauth s’était alors embarqué dans une longue explication anthologique, disant qu’il n’a fait que suivre les avis des experts et que comme dans le cas du Covid-19, le gouvernement a fait acheter tous les équipements nécessaires, grâce à quoi le pays a pu devenir Covid-Free. « C’est la même chose ici », a-t-il dit avant que la connexion ne soit interrompue. Peut-être que Pravind Jugnauth a confondu BBC et MBC et qu’il s’attendait à un entretien genre mer tranquille.

« La BBC ? Elle représente quoi ? », « Elle s’appelle BBC ? So what? »…Le lendemain, c'est un Pravind Jugnauth remonté comme un coucou qui infligeait une leçon de journalisme en conférence de presse tout en refusant l'accès à deux médias, Top fm et l'express. « Premièrement, je dis à la BBC que lorsqu’elle présente une version, elle doit donner l’occasion aux autres versions de ce faire entendre ». Dans cette même conférence de presse, interrogé sur cet entretien et une demande d'excuses dont les Mauriciens ont droit, le Premier ministre a répondu, à qui veut l’entendre : «BBC inn poz enn kestion. Be pou mwa BBC reprezant kwa ? Linn fer enn lanket ? Mem si li appel BBC, So what ? Ve dir kwa ? Linn vinn enn court of investigation, linn fer tousa travay-la ?».

Au Bureau du Premier ministre, les opération de communications ratées sont légions. Autre fait mémorable, lorsque le Premier ministre s'est laissé aller à un « cours de géographie » sur la chaîne nationale pour signifier que les îles convoitées sont inscrites comme appartenant à l’île Maurice sur la carte officielle de l’ONU, en présentant une carte, comportant de nombreuses erreurs. 

Dernière en date, vous connaissez la chanson, parlez lui de Franklin, il vous parlera de Laurette...

Mercredi 29 Mars 2023


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